La radio disait qu'on avait tous dans le coeur des vacances à st Malo. Moi je ne sais pas vraiment, je ne devais pas être là ces jours-là. Je repense encore au blé oui, comme tout à l'heure. Et vert et mur, la musique, les soirs d'été autour de tables en plastiques à rire et danser, en souffler dans la mousse des bières, à taper dans le dos de l'un de l'autre et filer doux dans le gosier : un shot de plus ma belle, un shot de plus garçon. Se faire la belle, dans les rires, dans les espoirs, dans la vie qui grise, dans les cigales qui chantent que des histoire d'amour. Le blé vert qui se couche dans le vent de mes sourires, dans le vent de mon enfance : comme se tord ce mimosa au bout du jardin, et les cyprès de derrière la maison de ma grand-mère. Bien sûr que l'alto, que les cordes que l'on frotte, ont cette candeur réjouissante. Frappant les verres sur la table, certain se lèvent et dansent et se répètent des histoires : les explications seront pour plus tard, aujourd'hui je ne suis que rire. Les lumières multicolores, chaque jour comme la danse et ses pas. Comme un visage, un miroir, une ornière, une pièce jetée au fond d'une fontaine pour un souvenir, un autre.
Les bras de vie sont un peu des bras de mer. J'imagine la tempête, alors, sur scène, parce qu'on s'approche du devant en quête de gloire et qu'on est éblouit par la présence même des regards. Qu'on se révèle enfin. Je veux qu'on se sente à nos places tous autant qu'on est. Quand je suis sur scène, à ces moments-là, tous ces moments où la scène c'est le pourtour que je m'invente, je pense à toi mémé, et ça faisait longtemps que je ne te l'avais pas dit. Mais je ne veux pas oublier qu'il faut oublier. Je ne suis plus triste à ce sujet, juste amusé par cette tension terrible qui peut serrer ma main, l'autre, celle que Sarah ne tient pas fermement pour créer un cap qu'il s'agira, ensuite, plus tard, après notre découverte effrénée l'un de l'autre, de tenir. Cette tension qui me rappelle que si je vis, c'est pour honorer, pour parler des blés, des fenêtres des voitures, ouvertes aux quatre vents, pour parler de l'essence même du sel sur la langue. Pour parler des nuits d'hiver, des nuits d'été. Ecouter quelques musiques, nous savoir beau sur ces photos où nous sommes habillés de costumes, où nous faisons la fête, où nous sommes ces jeunes gens fringants. Je pose ici mes lèvres, et là, sur ton front oublié, sur le front d'une douce fée. Moi j'ai les mains qui appellent à l'aide, au renouveau et à la sensation : le toucher est, de plus en plus, le sens que j'affectionne.
5 décembre 2013 // 23:38
26 novembre 2013 // 22:32
Nous on est de ces gens qui collectionnent les mots comme si c'était des choses précieuses, des bouquets à serrer contre son coeur ou comme ces pierres à quatre sous qu'on nous vend dans les échoppes de souvenirs de n'importe où ; et dont on veut bien croire la valeur, dont on veut bien croire les bienfaits hypothétiques. Parce qu'on est des gosses et qu'on a besoin de croire aux histoires. Parce qu'il n'y a jamais rien eu de douloureux dans ces histoires là. Les mots, les lettres, tout ce monde parallèle, ce monde déroutant mais qui nous assoiffe au point que l'on en parle sans cesse comme une drogue que l'on a jamais pris ou qui agirait sans cesse en nous : on hésiterait entre manque et plénitude. Je crois qu'on est né sur ce paradoxe : sur la cavalcade de notre coeur ensuite, en accord avec les tambours et la guitare qui a des soupçons de voix à nous murmurer. Puis-je te dire que ta voix, même éteinte au téléphone, ça a réchauffé mes pieds. Mes pieds qui se tordent sur le sol, mes chaussures toujours trouées, parfois j'ai de la buée qui sort de ma bouche, je m'habille de façon charmante, juste pour toi, même si c'est pour dix minutes. Je sais que les mots ça résout rien, je le sais mais j'ai espoir que, je crois que, je dis que, je sens que. La cavalcade de l'amour, c'est "sunrise & sunset" encore une fois : ton cul qui a quelque chose de Tennessee, si ton cul c'était des mots. Quelque chose qui est dans cette tension-là, dans cette périphérie-ci : quelque chose à son apogée et visant plus haut encore mais sans cesse au bord du gouffre pour tenter nos peurs, les dominer et les cracher à la gueule de tous ceux qui nous plombent, qui te plombent, qui t'empêchent de rire parce que moi je veux juste que tu ris. Je les vois tous ces visages et ils se déchirent dans ma tête lorsque c'est la nuit, que tu te réfugies contre moi pour t'endormir : personne n'avait eu besoin de mes bras comme ça la nuit et ça me touche, me grise, me fait croire. Tes mots rudes en papillotes, revoir le soleil se lever comme il se couche, avec cette calme sagesse d'après la pluie, après le vent, mais avant la tempête des coeurs, la chute et la réception heureuse dans les bras l'un de l'autre. La saturation des images, des larmes qui brouillent tout, de la joie exacerbée de nos regards, des couleurs, des bannières que l'on se tisse sur les coeurs, des phrases et des phrases comme des kilomètres à parcourir : tu es ma pente raide, tu es ma pente douce, tu es mon illusion et ma réalité sans cesse renouvelée. Tu es toutes ces lettres que je veux décacheter, t'es tous ces mots qui comptent ou ne comptent plus. Et je peux te dire qu'on leur fera une fête pas possible à nos idées noires, qu'on les cramera et qu'on dansera, comme les indiens d'Amérique qu'on pourrait être, après tout, autour, pour pouvoir enfin regarder en arrière et dire que nous ne sommes pas grands, mais grandioses.
10 novembre 2013 // 16:43
Les pieds froids
Le chauffage tout de même ;
Le linge qui sèche, qui essaye
Et le papier d'arménie qui brûle.
Tu me manques, terriblement, et savoir cela me fait sourire, comblé.
Le chauffage tout de même ;
Le linge qui sèche, qui essaye
Et le papier d'arménie qui brûle.
Tu me manques, terriblement, et savoir cela me fait sourire, comblé.
9 octobre 2013 // 20:50
Oh baby it's a wild world. Moi c'est tout ce que j'entends en face de ton désespoir, je voudrais bien te dessiner un sourire sur tes lèvres, que tes lèvres soient immenses de ce sourire : je voudrais qu'il se passe quelque chose - ligne interrompue comme brisée dans le point de fuite et la chute et le reste du temps et le reste du monde. En attente, reste le cardiaque, l'envie de t'embrasser, de te dire que ça va aller même si c'est dur à croire parfois, que la nuit se promet d'être longue, que le mouvement nous écharde là, aux genoux : parce que la vie s'acharne parfois. Le sort, les dés qui sont jetés, les "on peut rien y faire", les retours en arrière possibles que l'on espère mais qui concrètement tardent à arriver. Je voudrais te serrer tout contre moi et que les problèmes soient résolus et malheureusement c'est un peu plus compliqué que ça, il paraît. Le vent dans les arbres ne résout rien, c'est dans ces moments-là que je considère l'inutilité de mes études : la poésie ne résout définitivement jamais rien, surtout pas des conflits. Parfois ça arrondi les angles, mais mes mains veulent t'emmener loin, au vent, là où la guigne, ça n'existe pas. Reste nos souffles la nuit, nos humeurs et nos angoisses, celles que je veux mettre à la poubelle. Reste le fait que je t'aime même si ça ne résout rien, non, toujours rien.
24 septembre 2013 // 10:17
De mon enfance dans le vent j'avais oublié ces matins où je réveillais mes parents : c'était souvent les weekend de septembre et d'octobre : il faisait doucement frais. Je me glissais dans les draps de mes parents parce qu'il était tôt, et mon frère nous rejoignait et on faisait beaucoup de bêtises. Tu as extrait ça à nouveau de mon enfance venteuse, ce souvenir, cette sensation que j'avais enfoui me disant sans doute que ça servait à rien. T'as réveillé tout ça, t'as réveillé mes épis dans les cheveux, et la douceur des matins d'automne ; quand il ne pleut toujours pas mais que la chaleur n'est plus autant oppressante. Je souris, vague, je souris alors que dans l'angle, tu as l'air très concentrée. Mon enfance venteuse a quelque chose de réanimé quand je suis avec toi, c'est bien pour ça que je ne te lâche pas.
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