Ce matin, les rues m'ont aveuglées, il faisait frais après les pluies de la veille. Je voulais te dire de pas partir, mais il fallait quand même que tu partes, le ciel est bleu - beaucoup d'années qui se résument là-même dans une phrase, beaucoup de mots qui se bousculent, peu de choses écrites. Je flotte. Tu es ma flotte. Je. La poussière qui vole doucement à notre fenêtre, l'horizon heurté, toujours heurté pour qu'il y ait du rythme. Je pense à l'été, aux nuits longues, aux soleils qui se gomment jamais comme on le désire. Ce matin les rues, les arrêts de coeur ton sourire ouais, l'éclair, tout ça. Je veux pas en croire mes yeux, mes nuits. Je veux pas croire. Reste la douceur que t'as, qu'on a. Les mots qui s'accordent. Le métronome, l'autonomie que l'on veut mettre à la portée de l'autre, les mots qui coulent sur nos joues, tes cosmétiques qui te rendent plus belle que belle parce que belle tu l'es déjà. La sève nous ressemble, liquide caramel et collant malgré tout. Se séparer, c'est se retrouver il paraît. Moi, j'attends jeudi, je crame une bougie, j'attends les horaires précises, la pluie de la veille, l'avenir droit devant. Le ciel est bleu.
22 décembre 2013 // 14:35
Sourire à la pluie comme une solution au problème. Laissé trainer sur le sol le givre, les histoires écrites, la buée qui sort de notre bouche. Hier il a fait un temps radieux et même si le vent ne nous a pas épargner, c'était agréable de te voir fumer sur la terrasse, chez mes parents. La musique est douce, je vis de plus en plus d'histoires intérieures que je ne juge pas nécessaire de raconter : j'arpente comme un gamin chaussé des botes de sept lieues. Ma tête est faîte de la voix douce que tu y laisses trainer souvent. C'est bientôt Noël, moi j'ai envie de la lande.
16 décembre 2013 // 10:10
J'ai toujours su que c'était ça la vraie vie : des extraits de vieux films sur CD, des phrases qui claquent, mais aussi les chansons françaises vues et revues à l'avant de la voiture parentale, le soleil qui se couche déjà alors que c'est quinze heures : cet hiver si doux mais pourtant impitoyable dans ses formes. J'ai toujours pensé que la vie viendrait, fatalement, en éclatant, et c'était bien vrai. Les instrus tournent en boucle, toujours les mêmes, toujours la même musique dans le casque, du Wu Tang à Biggie à tous ces moments sortis de l'innocence et de la rage. Les guitares viennent après et m'apaisent. Je me suis rendu compte ce matin que Noël était pour bientôt, il y avait comme queluqe chose dans ce constat qui avait un battement immense. Il est l'heure, sans doute d'avoir froid aux pieds.
Y a des braises et des souffles et des tonnerres et des langueurs et j'écris j'écris j'écris du coup dès que je m'arrête il faut que je continue et j'ai beau me perdre c'est toi que je veux réaliser c'est tes bras qui me réalisent et c'est un accord mineur majeur supérieur j'en sais rien moi c'est l'abandon de mon souffle et de la vitalité et d'une traite l'eau bue et ta main sur moi comme si tu m'animais et me donnais vie malgré les jours d'embrouille l'embouteillage de nos sursauts et le surplus de sourires qu'on colle à nos basques dis moi dis moi que la vie est belle dis moi tu m'aimes moi je te dis que je t'aime et que le brouillard on va lui faire sa fête.
9 décembre 2013 // 15:38
Ecouter le bruit habituel des essuies-glaces. La torpeur. Puis les voix à l'autre bout du fil. Une vie de filtre. Tendre la main, et sentir de la peau à l'autre bout : comme une musique, l'idée même que l'on n'est plus seul. La marque du jour. Les réverbères qui nous aident aussi le soir. La nuit qui s'abandonne de nous et nous rejette sous le rire comme une vague dans son creux rejette le corps bien au large avant de le laisser renouvelé sur le quai. La côte est belle. La côte est brave. Le soleil comme une accalmie, les bonnets de couleur, les pompons que l'on attrape au manège. Des livres vieux, feuilletés déjà avant nous et tous écrits d'une écriture ridicule, d'une encre déjà usée, d'une rature au monde comme un pied de nez juste pour l'expression. Des marches et des dédales : tendre la main et sentir une main nous répondre. Ecouter les rails, la musique des trains. Êtres transsibériens dans des regards : de la paresse, l'étal des marchés, l'étal des grosses caisses qui brûlent les jours. La messe est dite. L'odeur de la peau de la mandarine qui reste sur les mains. Les cris doux de la musique. Le ronflement du jour. Regarder une plante verte, courir et courir encore pour savoir que le monde tourne aussi grâce à nous ; et tu ne penses pas que ? Revenir, sans cesse, dans la Maison, et se sentir chez soi, malgré les poussières et les rires qui sont un peu jaunis comme les pages. Atterrir et décoller avec dans le ventre cette sensation qui perdure. Perdu, aujourd'hui et demain comme deux routes qui se séparent et se retrouvent fatalement ensuite. Je vois les braises, j'écoute la musique, je veux l'odeur du sapin répétée, ne se répète que les grandes symphonies. Je veux de la joie alors, des rires encore. Je veux la vie et le coeur qui bat, et battre, battre les doutes, les dents cassées déjà, mais battre les incertitudes qui nous font nous plier : quand est-ce qu'on apprendra qu'on est moche le dos cassé ? Et qu'on se saura fier et droit, et en avant. Le rayon de soleil sur le sol, sur ta peau. Le rayon du soleil et les persiennes. La vente au détail et tes yeux dans l'affaire pour me galvaniser. Puis le CD saute, tant pis, on aime cette musique répétitive. Dans ma tête il y a comme un déferlement de percussions : ce doit être mon coeur, qui me dit que je t'aime, ce doit être une vie une vraie vie, une vie de rires à gorge déployée.
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