Des paquets d'humeur et de mer.

19 août 2014 // 17:53

 Quand c'est qu'on atterrit dans du coton et qu'ils nous laissent tranquilles eux tous qui n'ont pas à nous juger et pourtant nous emmerdent ? En rond des ronds de fumée des bulles de savon des pleurs et des rires d'enfant dans la nuit, l'apprentissage de la gravité et les douleurs vites effacées des chutes. Je laisse les pluies pour les routes, les nuits, les éclairages publics. Je te veux moment d'amour, je nous veux loin de tout, je veux des rires, je veux du vide. Puis mes yeux rouges, la tension dans nos ventres et tout le monde se parle sans l'innocence de la pudeur. Une peau scarifiée et peu d'effets de styles, c'est ma carcasse avec laquelle je compose alors qu'on glisse tous vers ailleurs, histoire de dire. C'est la belle vie qui nous attend quand on aura atterrit, pour le moment on flotte dans des eaux sombres, des pas indéterminés. Je finis les yeux éclatés devant les clips de rap à la télé, ce que le temps fait de nous ? Des rotules répétitives et des danses connes en rythme. On pourrait presque croire que rien n'a changé, et pourtant. Putains d'étés, je déteste toujours autant l'été parfois.
Les brûlures de cigarettes dans le coin supérieur droit des vieilles bobines. Des souvenirs en super 8. Un empilement d'idées horribles, de styles différents et de jeans déchirés. Le temps passe, on se fait vieux, toi t'as des cheveux blancs et moi un peu plus de rancoeur en périphérie de ta haine étrange pour les gens qui te veulent du bien et l'expriment peut-être mal. C'est une histoire drôle je crois, une mauvaise blague, une rumeur qui naît de nos artères, un ennui qui nous défigure tout de même. L'envie de dire : "attrape une cigarette que je t'explique". Mais on attrape rien, on vit sur des non-dits et on se bouscule l'âme de bon matin à avoir envie de vomir lorsque ta belle-soeur te fait savoir que ton frère qui ne s'est pas levé pour te dire au revoir ne voulait plus rien à voir à faire avec votre cousine qu'il a pourtant, un jour, considéré comme sa soeur. Triste mine, triste sort, bizarre ironie. Parfois je repense aux crises de rires et je n'y comprends plus grand chose. Tourne le temps, les brûlures de cigarettes dans les mauvais films des années 70. Il est toujours temps d'avoir l'air naïf de s'interrompre sur pas grand chose, le moment, le temps : "être père, ça te rend con je crois". Je ne dis rien pourtant, j'empile les mots vides comme des cannettes accrochées aux voitures voguant vers une nouvelle vie. Y a pas écrit "just married" sur la lunette arrière. Y a écrit tout mon trouble et ma rage, et mon envie de vomir face au manque de couilles de celui que je considérais comme mon héros pendant les étés de l'enfance. L'été encore là, comme un rempart, les souvenirs et les vapeurs, toujours ce même égoïsme que l'on préférait ignorer alors. Tout mon amour mal placé même pour les gens que je ne veux plus voir me submerge comme une vague sans raisons. je me pose des questions sur le creux de mon ventre. Il sera temps d'être triste plus tard en fait. Je préfère m'en battre les couilles tout de même et regarder la rhétorique faire son effet. Je sais que je m'échouerai dans les bras de mes parents, un jour, en leur disant que je ne peux plus supporter le regard d'admiration qu'ils ont pour mon frère qui est devenu ce sombre connard que l'on ne veut pas fréquenter. Chacun ses fêlures, après tout, j'ai eu pour triste déraison de penser que la famille nous était supérieure. Ne reste que l'odeur du charbon des barbecues qui se finissent toujours sans lui et sa mauvaise humeur. Triste réunion.

Des draps propres et du mistral.

22 juillet 2014 // 14:17

 Il faudra envisager notre amour comme le témoin de la terre en tournure. Des grands immeubles plus tard, comme un voyage sempiternel sur une banquette arrière, on annonce la fin du film. J'avais oublié que l'été pouvait remplir le coeur, il a été précédemment, dans les autres épisodes, qu'un moment de tergiversation étrange où seul la mort dominait. Cette nuit j'ai rêvé de mémé. Ca faisait longtemps, puis l'amertume n'agrippe plus pourtant. Passé témoin secret des jours de manque, je me remplis de toi comme on remplit une page blanche d'adolescence et d'histoires à dormir debout. Je pense aux enfants à naître, c'est une douce musique, une douce reprise de ce que nous sommes. Encore des poumons pleins d'airs en attendant l'immanence de tes sourires, le vide qui fascine et tous les gribouillages qui me font trembler devant ton corps nu. Il est l'heure de remettre les pendules à l'heure et laver cet appartement aux fenêtres sans cesse ouvertes ne procurant aucune fraîcheur. Ca reste quand même toujours la même histoire, tant mieux peut-être. Resurgissant de nous seulement la musique on danse en rond toi et moi et ça me va. Ton cul, des mots, un pétard et du vin rouge. Symphonie dont jamais je ne me lasse.

Brise marine.

14 juillet 2014 // 12:22

 Repasser au surligneur les limites de la ville et les voir à taille humaine dans la démesure. C'est un peu comme regarder à nouveau ce visage dans le miroir. C'est un peu comme ta main dans la mienne : c'est un tremblement dont on s'attend et qui nous surprend. Des larmes, des mots, de la salive et de la fatigue dans la voix : beaucoup de joies dans les désordre dans les douleurs, dans les cris, dans les faces figées par la rage. De la pluie pour nos mots, de la pluie partout chassée par le vent tendre et le soleil définitif de Marseille. Moi je veux des valses avec toi tous les jours dans notre appartement aux murs aubergines, dans notre appartement qui ne connaît que la renaissance.
Le guitare sature en même temps que les mots enflent. Je souris doucement alors que je tire sur ce joint, que je constate comme le monde peut être loin quand on s'adresse à des presqu'îles. Tu es ma presqu'île, cet appartement est ma presqu'île, cette rue Briffaut est ma presqu'île, ce ventre qui est tien et que je regarde, je crois que c'est ma presqu'île. Un lieu où l'on se réfugie : un bord de mer, de la tension, du coeur qui se serre, les fesses posées sur les coussins du rebord de la fenêtre. La vie quotidienne qui reste là, tendrement posé au fond de notre coeur. Ta main dans la mienne, moi je ne pense qu'à ça. Et des sons distordues, des berceuses douces, des moments trempés d'envie. Des sourires au coin de la bouche des shalalala des émotions torrides et ton regard sur moi. Percussion à chaque fois encore.
 Il est temps de jeter un dernier regard, les cartons entassés, les sacs de bledards encore éventrés, en attente de fermeture. Espace clos, temps déchu, il y a comme une intermittence alors que le soleil frappe la bibliothèque maintenant vide et solitaire et triste aussi au milieu du visage. Les rires sur la terrasse, les derniers, s'évaporent, il y a eu des soupirs et des râles et des cuites, il y a eu un moment donné de ma vie. Quitter l'appartement rue Paradis, le sourire au lèvre parce que j'ai jamais pensé vraiment que je vivrais ici. Je m'y suis accommodé, mais c'est aussi parce que t'étais là, parce qu'on a fait de l'exiguité un gouffre qu'on tente chaque jour de remplir d'amour : et c'est niais, mais pour ce que ça importe. j'ai décidé d'assumer tout, même ça. Même de refermer la porte et m'en foutre et de faire un tri drastique dans mes photos accrochés au mur. Il y a comme quelque chose de flamboyant dans ce déménagement, il sent la vie tout autant que la peinture fraîche. Il sent ton odeur et ça me convient.

// C'est juste une lumière dans la nuit parce que rien ne va très bien quand ça déraille en pente dans la france actuelle. On résiste tous à notre manière, moi j'ai décidé d'aimer les autres : oui, c'est encore une histoire de niaiserie, mais je l'assume, là encore. Chacun ses flambeaux, ses routes et ses cartes problématiques. Moi je réfléchis sur l'enjeux que représente de pisser sur l'idée même de Marine le Pen. //

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