Pour en revenir à l'origine il faudrait que j'explicite puis je hausse les épaules. Je pense à être optimiste avec le plaisir de tirer la gueule, j'entends la pluie tomber dans cette chaleur excessive. Toutes ces soirées trop bonnes pour être vécues sont un désir un peu trop long pour un encéphale aussi obtus que le mien. Faudrait sans doute que j'arrête les poèmes, les romans et mon théâtre, que j'arrête les réflexions pseudo philosophiques, les problèmes qui rien à rien et les réflexions sur l'exégèse : j'ai juste souvent envie de baiser et ça n'arrive pas. Aussi plat que ça puisse paraître je m'en fous, j'ia jamais dit que j'étais un poète ; c'est ce qu'on a fait de moi, de mes mots. Dès que ça parle de cul, ça intéresse de toute façon, au moins une personne ou deux qui traine. Faudrait que j'arrête de trainer avec les filles avec qui j'ai couché, mais à croire que j'aime ça quand on fait le décompte de mes défauts, de mon obsessions du passé : s'ils savaient ce que j'avais à dire, vraiment. Dans la nuit, seule la lueur de l'ordi résonne, dix fois que j'écoute le même morceau, oui je sais que la vie est qu'un boomerang :merde/

Menthe à l'eau.

13 juin 2013 // 0:23

 A force de faire friser les sons, on finira bien par les frissons. Maintenant démuni, je pense à cette fille, son blouson de cuir qui allait mal sur ses épaules trop fragiles, mais qui structuraient le tout, la biture et le reste. Elle avait un sourire ironique sur tout, et la musique nous embarquait. Moi je pense aux champs d'été de mon enfance, à l'idée raide du sacrifice. Je suis un grand truc qui se déplace sur du vide, des verres brisés et des carreaux éclatés, des carreaux de squats dont on a plus rien à foutre non plus. Alors que les bougies allumées repoussent la nuit, j'écoute les relents de fête au loin, je voudrais faire parti du festin, ne plus être seul si souvent, avec moi-même et mes questions qui tournent en boucle : heureusement que je me suis calmé sur la beuh, parce que ça devenait vraiment n'importe quoi, tu vois. A force de parler de tout ça, je suis un jeune homme qui a rien à vendre. Qui pense aux culs des filles, aux mots écorchés qui s'en suivent : demain vous ferez une belle rencontre. Oui, sans doute une belle rencontre, j'ia lu ça dans les étoiles qui sont mouchées par les lampadaires, la nuit. En attente de feux d'artifices, il ne reste que les quelques mots que l'on veut bien pousser dans une antichambre ou deux, dans une enfilade hostile de boiseries et de grands miroirs de trois mètres de haut, au-dessus d'une cheminée déjà. Là-bas ça rigole, et ça boit des coups et ça a de la mousse de bière à la place de la salive au coin des lèvres : tant mieux peut-être. Puisque tout ça paraît amer, alors que je ne le suis pas, je me dis que je suis destiné à avoir l'air perplexe et énervé lorsque je ne cherche que des étincelles : frotter deux mots comme ça, et puis attendre. Souvent je repense à toutes ces nuits dans les rues aixoises et tous les sous que j'ai pu brûler comme ça, dans cette ronde sinistre. Flottant au-dessus du sol parce que sur mon lit perché, je me demande depuis quand je ne plane plus, depuis quand le désespoir. Et y a pas de réponse, alors je laisse faire le jour, je laisse tendre l'idée de la nuit. J'allume la télé, et je l'éteins comme une minuterie qui ne m'apporterait rien si ce n'est un peu de tue-l'ennui lorsqu'on décapsule la troisième bière de la soirée et qu'il y a toujours rien à faire. Reste plus qu'à péter des verres, dire des mots en russe ou en hébreu, être fasciné par des trucs qui intéressent personne : lire Eluard et Char, éclater la cigarette dans les cendrier, être intéressé par les musiques que l'on remet sans cesse, revoir un film pour la quatrième fois histoire de savoir si on avait vu juste, refermer les livres, ne pas écrire des poèmes. Je pense à une fille qui pourrait me trainer dans un champ pour me dire qu'elle m'aime. Ce serait un bon début
 Des mots dans le cou, comme des respirations. Des larmes vites essuyées. Le printemps qui tape, là, vengeur. Le vent, toujours le vent. Et l'or du soleil comme toutes ces choses faciles. Le bruit des ports, le bruit des barques. Le souffle coupé. Un grenier plein de poussière. Une maison que l'on renouvelle sans cesse. La mer déchainée. Les crêtes que l'on voudrait se marquer à même la peau. La campagne dans l'angle du soleil. Les champs de spigaous à perte de vue, les phrases qui riment bien avec le blé vert Je repense à cette fille qui me disait qu'elle aimait le rock et les prairies. J'ai oublié qui elle était, je crois que c'est la plus belle des filles que j'ai pu imaginer dans mes pages. Le genre taillée pour moi. Je pense aux cigales qui ne manqueront pas d'avoir leur mot à dire. Les pieds collés, la tête dans le vent pour y voir les astres. Je pense aux bougies que l'on allume pour les éteindre, pour que ça sente l'anniversaire. Tes mains douces, nos coeurs tambours, le bruit du déclencheur. Regarder les photos en riant, les film en frissonant. Remettre sans cesse le même Spielberg dans la platine DVD pour pouvoir se sentir respirer, enfin, dans un soupçon d'enfance. J'ai jamais été naïf, c'est ce que le dis à J. : c'est pour cela, tu vois, que j'ai besoin de regarder des films qui parlent d'enfances dévaster. Réécouter Oxmo Puccino pour la millième fois, frissonner encore sur la dernière phrase de "l'enfant seul". Avoir envie d'un gosse parce qu'on assiste à un baptême. Je me demande, pour Dieu et tout ça. Voir un baptême et une icône qui nous transperce du fond des yeux au fond du coeur. Avoir envie d'un gosse, d'une mère, avoir des envies que l'on frissonne encore et encore. Je regarde les spiagaous, dans la vitesse de la voiture. Les fenêtres ouvertes chargent mes yeux de pollen et les gonfle : je pleure lentement, j'ai les yeux irrités, mon nez chargé de tout ça me fait vivre un enfer. Mais je profite, de la campagne à la mer, à la mer déchainée : ma mère qui me dit "t'es très beau avec cette chemise Alexis", et je la crois. Je voudrais embrasser tout ça d'un coup. Je serre de plus en plus mes parents contre moi, depuis que je suis parti. Ils ont du devenir sincères, véritables, humains, du même coup. Et dans la voiture jusqu'à Sausset les Pins, jusqu'à la mer encore plus vraie, je leur demande de me dire, si ça va, ils vivent bien tout ça. Et pour la première fois je demande à mon père qui conduit, et qui ne veut pas répondre, parce qu'il ne parle pas mon père. Et je me reconnais là dedans, je me revois il n'y a pas si longtemps. Ils me disent que c'est étrange parce que maintenant ils sont libre : je crois que nous vivons la même chose et dans cette ressemblance peut-être nous aimons-nous plus. Marcher pieds nus, se regarder dans les yeux après avoir fait l'amour et exploser de rire : parce que j'ai envie de rire, souvent, après avoir joui. J'aime les kaléidoscopes, les stroboscopes, les lumières étranges, les néons des années 80, écouter Cocorosie le matin ; avec l'envie qu'on prenne ma main, qu'on m'embarque, histoire de les voir plus près ces prairies qui nous parlent d'ailleurs.

Enfance dans le vent.

28 mai 2013 // 0:30

 Pour que ta présence ne me soit plus un crève coeur, j'ai compté : il me faut un joint, trois verres de blanc, trois de rosé, deux de rouge et un de champagne. Je te donne pas tout ça dans l'ordre, parce qu'il s'est envolé dans les vapeurs de clopes au milieu. Les bouffées d'air pur. Je me suis éclipsé bien tôt encore une fois, parce que je ne voulais pas que cette euphorie soit synonyme de quoique ce soit, je ne voulais pas que le retour soit bien plus difficile que l'arrivée. De toute façon je suis ailleurs, et le fait que tu me fasses la bise ne me jette pas dans le présent. J'ai l'impression de ce geste exagéré pour être sûr de ne pas se tromper. Je dévale la cannebière en moins de deux, je rentre chez moi presque au pas de course, musique dans les oreilles. Mon objectif est de ne pas pleurer avant de m'endormir, ce soir.

Train de vie.

24 mai 2013 // 13:04

C'est un empilement ; tôle étole et pigeon vole
Plastique et bruit de la fureur
S'abîme là les coeurs gadjos —
Ca dérive dans ton mâle
Dans les regards des dents en or :
Dans les rires tonitruants de bleu.

Les guitares tournent
Fonds : poubelles, bouteilles, mer.
Village posé là parce que rien d'autre figuré au paysage ; sage.

Et ils appellent leurs mômes comme les enfants du soir,
Juin perpétuel jusque dans le froid de leur couverture.


// Je regarde le grand défilé abruti : soleil plus clair parce que le vent, le vent souvent.
Travelling dans train de banlieue : lions, fantômes, marasme. Puisque tout s'empile, je repense au moment éternel de bonheur que représente les parenthèses. Chaque pause me fait dire qu'un coeur qui bat, c'est le moment de gloire d'une mère malgré ses possibles failles. Les rampes d'accès ne facilitent pas notre dialogue pour autant, en paraphrase les barrières périphériques sans jamais (s')atteindre. //

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