Menthe à l'eau.

13 juin 2013 // 0:23

 A force de faire friser les sons, on finira bien par les frissons. Maintenant démuni, je pense à cette fille, son blouson de cuir qui allait mal sur ses épaules trop fragiles, mais qui structuraient le tout, la biture et le reste. Elle avait un sourire ironique sur tout, et la musique nous embarquait. Moi je pense aux champs d'été de mon enfance, à l'idée raide du sacrifice. Je suis un grand truc qui se déplace sur du vide, des verres brisés et des carreaux éclatés, des carreaux de squats dont on a plus rien à foutre non plus. Alors que les bougies allumées repoussent la nuit, j'écoute les relents de fête au loin, je voudrais faire parti du festin, ne plus être seul si souvent, avec moi-même et mes questions qui tournent en boucle : heureusement que je me suis calmé sur la beuh, parce que ça devenait vraiment n'importe quoi, tu vois. A force de parler de tout ça, je suis un jeune homme qui a rien à vendre. Qui pense aux culs des filles, aux mots écorchés qui s'en suivent : demain vous ferez une belle rencontre. Oui, sans doute une belle rencontre, j'ia lu ça dans les étoiles qui sont mouchées par les lampadaires, la nuit. En attente de feux d'artifices, il ne reste que les quelques mots que l'on veut bien pousser dans une antichambre ou deux, dans une enfilade hostile de boiseries et de grands miroirs de trois mètres de haut, au-dessus d'une cheminée déjà. Là-bas ça rigole, et ça boit des coups et ça a de la mousse de bière à la place de la salive au coin des lèvres : tant mieux peut-être. Puisque tout ça paraît amer, alors que je ne le suis pas, je me dis que je suis destiné à avoir l'air perplexe et énervé lorsque je ne cherche que des étincelles : frotter deux mots comme ça, et puis attendre. Souvent je repense à toutes ces nuits dans les rues aixoises et tous les sous que j'ai pu brûler comme ça, dans cette ronde sinistre. Flottant au-dessus du sol parce que sur mon lit perché, je me demande depuis quand je ne plane plus, depuis quand le désespoir. Et y a pas de réponse, alors je laisse faire le jour, je laisse tendre l'idée de la nuit. J'allume la télé, et je l'éteins comme une minuterie qui ne m'apporterait rien si ce n'est un peu de tue-l'ennui lorsqu'on décapsule la troisième bière de la soirée et qu'il y a toujours rien à faire. Reste plus qu'à péter des verres, dire des mots en russe ou en hébreu, être fasciné par des trucs qui intéressent personne : lire Eluard et Char, éclater la cigarette dans les cendrier, être intéressé par les musiques que l'on remet sans cesse, revoir un film pour la quatrième fois histoire de savoir si on avait vu juste, refermer les livres, ne pas écrire des poèmes. Je pense à une fille qui pourrait me trainer dans un champ pour me dire qu'elle m'aime. Ce serait un bon début

Commentaires

Can I kick it ?

Par scrivener le 14 juin 2013 // 21:58
" A force de faire friser les sons, on finira bien par les frissons." dis donc c'est un peu facile ça ... Mais le reste, très, très beau. Toi tu lis Eluard et Char, moi j'alterne Eluard, Aragon et Schéhadé (parce que j'ai trouvé Les Poésies, et je te remercie du conseil, c'est épatant).
 

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