Y a des braises et des souffles et des tonnerres et des langueurs et j'écris j'écris j'écris du coup dès que je m'arrête il faut que je continue et j'ai beau me perdre c'est toi que je veux réaliser c'est tes bras qui me réalisent et c'est un accord mineur majeur supérieur j'en sais rien moi c'est l'abandon de mon souffle et de la vitalité et d'une traite l'eau bue et ta main sur moi comme si tu m'animais et me donnais vie malgré les jours d'embrouille l'embouteillage de nos sursauts et le surplus de sourires qu'on colle à nos basques dis moi dis moi que la vie est belle dis moi tu m'aimes moi je te dis que je t'aime et que le brouillard on va lui faire sa fête.

Liste.

9 décembre 2013 // 15:38

 Ecouter le bruit habituel des essuies-glaces. La torpeur. Puis les voix à l'autre bout du fil. Une vie de filtre. Tendre la main, et sentir de la peau à l'autre bout : comme une musique, l'idée même que l'on n'est plus seul. La marque du jour. Les réverbères qui nous aident aussi le soir. La nuit qui s'abandonne de nous et nous rejette sous le rire comme une vague dans son creux rejette le corps bien au large avant de le laisser renouvelé sur le quai. La côte est belle. La côte est brave. Le soleil comme une accalmie, les bonnets de couleur, les pompons que l'on attrape au manège. Des livres vieux, feuilletés déjà avant nous et tous écrits d'une écriture ridicule, d'une encre déjà usée, d'une rature au monde comme un pied de nez juste pour l'expression. Des marches et des dédales : tendre la main et sentir une main nous répondre. Ecouter les rails, la musique des trains. Êtres transsibériens dans des regards : de la paresse, l'étal des marchés, l'étal des grosses caisses qui brûlent les jours. La messe est dite. L'odeur de la peau de la mandarine qui reste sur les mains. Les cris doux de la musique. Le ronflement du jour. Regarder une plante verte, courir et courir encore pour savoir que le monde tourne aussi grâce à nous ; et tu ne penses pas que ? Revenir, sans cesse, dans la Maison, et se sentir chez soi, malgré les poussières et les rires qui sont un peu jaunis comme les pages. Atterrir et décoller avec dans le ventre cette sensation qui perdure. Perdu, aujourd'hui et demain comme deux routes qui se séparent et se retrouvent fatalement ensuite. Je vois les braises, j'écoute la musique, je veux l'odeur du sapin répétée, ne se répète que les grandes symphonies. Je veux de la joie alors, des rires encore. Je veux la vie et le coeur qui bat, et battre, battre les doutes, les dents cassées déjà, mais battre les incertitudes qui nous font nous plier : quand est-ce qu'on apprendra qu'on est moche le dos cassé ? Et qu'on se saura fier et droit, et en avant. Le rayon de soleil sur le sol, sur ta peau. Le rayon du soleil et les persiennes. La vente au détail et tes yeux dans l'affaire pour me galvaniser. Puis le CD saute, tant pis, on aime cette musique répétitive. Dans ma tête il y a comme un déferlement de percussions : ce doit être mon coeur, qui me dit que je t'aime, ce doit être une vie une vraie vie, une vie de rires à gorge déployée.

Enfance venteuse (21)

5 décembre 2013 // 23:38

 La radio disait qu'on avait tous dans le coeur des vacances à st Malo. Moi je ne sais pas vraiment, je ne devais pas être là ces jours-là. Je repense encore au blé oui, comme tout à l'heure. Et vert et mur, la musique, les soirs d'été autour de tables en plastiques à rire et danser, en souffler dans la mousse des bières, à taper dans le dos de l'un de l'autre et filer doux dans le gosier : un shot de plus ma belle, un shot de plus garçon. Se faire la belle, dans les rires, dans les espoirs, dans la vie qui grise, dans les cigales qui chantent que des histoire d'amour. Le blé vert qui se couche dans le vent de mes sourires, dans le vent de mon enfance : comme se tord ce mimosa au bout du jardin, et les cyprès de derrière la maison de ma grand-mère. Bien sûr que l'alto, que les cordes que l'on frotte, ont cette candeur réjouissante. Frappant les verres sur la table, certain se lèvent et dansent et se répètent des histoires : les explications seront pour plus tard, aujourd'hui je ne suis que rire. Les lumières multicolores, chaque jour comme la danse et ses pas. Comme un visage, un miroir, une ornière, une pièce jetée au fond d'une fontaine pour un souvenir, un autre.
Les bras de vie sont un peu des bras de mer. J'imagine la tempête, alors, sur scène, parce qu'on s'approche du devant en quête de gloire et qu'on est éblouit par la présence même des regards. Qu'on se révèle enfin. Je veux qu'on se sente à nos places tous autant qu'on est. Quand je suis sur scène, à ces moments-là, tous ces moments où la scène c'est le pourtour que je m'invente, je pense à toi mémé, et ça faisait longtemps que je ne te l'avais pas dit. Mais je ne veux pas oublier qu'il faut oublier. Je ne suis plus triste à ce sujet, juste amusé par cette tension terrible qui peut serrer ma main, l'autre, celle que Sarah ne tient pas fermement pour créer un cap qu'il s'agira, ensuite, plus tard, après notre découverte effrénée l'un de l'autre, de tenir. Cette tension qui me rappelle que si je vis, c'est pour honorer, pour parler des blés, des fenêtres des voitures, ouvertes aux quatre vents, pour parler de l'essence même du sel sur la langue. Pour parler des nuits d'hiver, des nuits d'été. Ecouter quelques musiques, nous savoir beau sur ces photos où nous sommes habillés de costumes, où nous faisons la fête, où nous sommes ces jeunes gens fringants. Je pose ici mes lèvres, et là, sur ton front oublié, sur le front d'une douce fée. Moi j'ai les mains qui appellent à l'aide, au renouveau et à la sensation : le toucher est, de plus en plus, le sens que j'affectionne.

L'histoire de la survivance.

5 décembre 2013 // 15:56

 Redoubler d'amour et d'espérance : regardant la vie au travers des vitres / redoublant de sourires, de choses assez élémentaires, de fruits secs, je pense au blé qui casse dans les mains et tu sais quand on les épluchait les épis pour croquer le blés sous nos dents, pour que ça fasse comme une pâte sur la langue. Puis rien de plus. Je m'exprime sans doute mal... Je me demande s'il finira par neiger, si les baumes sur les coeurs, c'est de la farine, si on s'en sortira tous, si on a tous la même propension au bonheur que celle qui m'étrangle en douceur. Je me demande aussi pour l'orage : pour le regard de mes compatriotes qui semblent perdus. Pour ces jeunes gens pleins de vie que je vois face à leurs choix difficiles ; moi je sais qu'il faut toujours espérer la suite comme un nouveau soleil : pas celui d'un jour nouveau, un vrai soleil de rechange.

// Je ne parle que de ce que je connais, et ce que je sais le mieux, là, c'est toi. Comme une leçon tellement apprise qu'on peut la recréer dans tous les sens, à tous les temps, les modes d'amour comme ta bouille que j'embrasse, ton ventre que j'embrasse. Je me demande pour ta peau douce, si elle restera douce. Mais je sais que oui, en fait. Je me demande pour le vent, le sable, la poussière, je me demande : je redouble aujourd'hui / d'amour et d'espérance. Et saperlipopette me semble un mot juste, comme ça, à force de repenser au blé, savoir qu'il n'est plus comme ça, qu'en champ dans ma mémoire. C'est des cycles, moi je te cycle pour ne pas répéter en boucle que je t'aime. Quand tu t'échappes, il reste toujours des tonnes de toi dans les coins et ça, ça me fait survivre //////////////////////////////////////////////////

We are the wild youth.

26 novembre 2013 // 22:32

 Nous on est de ces gens qui collectionnent les mots comme si c'était des choses précieuses, des bouquets  à serrer contre son coeur ou comme ces pierres à quatre sous qu'on nous vend dans les échoppes de souvenirs de n'importe où ; et dont on veut bien croire la valeur, dont on veut bien croire les bienfaits hypothétiques. Parce qu'on est des gosses et qu'on a besoin de croire aux histoires. Parce qu'il n'y a jamais rien eu de douloureux dans ces histoires là. Les mots, les lettres, tout ce monde parallèle, ce monde déroutant mais qui nous assoiffe au point que l'on en parle sans cesse comme une drogue que l'on a jamais pris ou qui agirait sans cesse en nous : on hésiterait entre manque et plénitude. Je crois qu'on est né sur ce paradoxe : sur la cavalcade de notre coeur ensuite, en accord avec les tambours et la guitare qui a des soupçons de voix à nous murmurer. Puis-je te dire que ta voix, même éteinte au téléphone, ça a réchauffé mes pieds. Mes pieds qui se tordent sur le sol, mes chaussures toujours trouées, parfois j'ai de la buée qui sort de ma bouche, je m'habille de façon charmante, juste pour toi, même si c'est pour dix minutes. Je sais que les mots ça résout rien, je le sais mais j'ai espoir que, je crois que, je dis que, je sens que. La cavalcade de l'amour, c'est "sunrise & sunset" encore une fois : ton cul qui a quelque chose de Tennessee, si ton cul c'était des mots. Quelque chose qui est dans cette tension-là, dans cette périphérie-ci : quelque chose à son apogée et visant plus haut encore mais sans cesse au bord du gouffre pour tenter nos peurs, les dominer et les cracher à la gueule de tous ceux qui nous plombent, qui te plombent, qui t'empêchent de rire parce que moi je veux juste que tu ris. Je les vois tous ces visages et ils se déchirent dans ma tête lorsque c'est la nuit, que tu te réfugies contre moi pour t'endormir : personne n'avait eu besoin de mes bras comme ça la nuit et ça me touche, me grise, me fait croire. Tes mots rudes en papillotes, revoir le soleil se lever comme il se couche, avec cette calme sagesse d'après la pluie, après le vent, mais avant la tempête des coeurs, la chute et la réception heureuse dans les bras l'un de l'autre. La saturation des images, des larmes qui brouillent tout, de la joie exacerbée de nos regards, des couleurs, des bannières que l'on se tisse sur les coeurs, des phrases et des phrases comme des kilomètres à parcourir : tu es ma pente raide, tu es ma pente douce, tu es mon illusion et ma réalité sans cesse renouvelée. Tu es toutes ces lettres que je veux décacheter, t'es tous ces mots qui comptent ou ne comptent plus. Et je peux te dire qu'on leur fera une fête pas possible à nos idées noires, qu'on les cramera et qu'on dansera, comme les indiens d'Amérique qu'on pourrait être, après tout, autour, pour pouvoir enfin regarder en arrière et dire que nous ne sommes pas grands, mais grandioses.

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