L'enfance.

25 novembre 2013 // 15:35

 T'es belle comme l'interstice entre la porte et le sol, celui par lequel la lumière fait son apparition dans une vie, dans quelconque vie / t'es belle comme l'interstice par lequel on glisse les lettres d'amour. Jour de grand soleil mais de grand vent, dehors, dans le ciel bleu très pur, on voit des trainées nuageuses d'avions qui voguent ailleurs, virgules comme des points de suspensions dans lesquelles on se baigne. Maintenant que nous recouvrons nos coeurs de manteaux, ta nudité n'est qu'une source plus poignante de désir, de sourire, de vie tout d'un coup qui a l'odeur de l'hiver naissant. Les feuilles mortes dansent en tombant sur le boulevard Chave et ailleurs, et dans mon appartement, à nouveau seul, je rêve de rivages illimités, de toi gardienne de moi, pour pas que je déraille. Je rêve de ta bouche, je rêve sur les murs blancs, je projette, je gonfle mon orgueil, je laisse la vie se faire. En attendant la mer on boit des manthes-à-l'eau, en attendant les vagues on apprécie les bourrasques, le soleil de Novembre très bas et très blanc qui aveugle à coup sûr mais rassure sur les choix : sur le choix du Sud comme horizon, terre d'attache, naissance, langue maternelle, panier de victuailles qui nous essouffle. Puisque les rues sont en pentes et se relèvent d'elles-mêmes, puisque nous sommes pentus comme des équations qui ne se résolvent que par notre union, je prends tous tes rires comme les victoires que je n'ai jamais su remporter. Je regarde les batailles précédentes d'un oeil dédaigneux : je te regarde toi et je vibre. Je vibre. Je vibre encore et encore et toujours.

// J'ai redescendu les escaliers de la rue Estelle à nouveau seul après avoir vu les façades colorées du cours Ju me parler d'évasion, de contre-culture, du ridicule un peu, mais l'assumant, me laissant charmé ainsi. En dévalant la rue, j'ai regardé le virage de la rue de la Palud, me suis dit qu'ici aussi on pourrait y vivre. Je ne savais pas très bien, mais j'étais à nouveau seul et j'étais bien, la gorge offerte aux courants d'airs pour mieux respirer. J'étais bien, j'avais encore la sensation de ta main dans la mienne et l'impression que l'on s'aimait de façon très juste, très précise, très rassurante et sans tempêtes, sans larmes ; doucement. Et c'était bon. //

Le vide des verres de Novembre.

16 novembre 2013 // 23:10

 Je vie pour des couchers de soleil presque beau, des regards dans les rétroviseurs centraux, des regards qui vont au-delà, ne serait-ce qu'en regardant au travers nous, dans la pleine lumière des néons. Je pense emboiter le pas au cosmique dès lors, pour voir si le voyage s'annonce bon, s'annonce torride comme ta main sur ma nuque. S'embrouille toutes ces nouvelles de bonnes nouvelles, le bruit du métro qui arrive à quai, le bruit d'une rue commerçante, bondée, alors qu'il est 17h et des poussières et qu'il fait déjà nuit. Je vie pour des bribes de sons, des mots qui m'enserrent, des termes doux qui sortent de nous : des mots que l'on se colle aux semelles. Suis-je encore ne serait-ce qu'un brin venteux ? Brise, douce brise alors que les claps de la chanson drainent toutes ces cendres que j'ai enterré pour ne pas me rendre compte parfois que j'étais triste, pour accepter que l'on peut pleurer, pour à nouveau rire.

Cloud Atlas.

14 novembre 2013 // 11:29

 Les étoiles sonores restent étriquées. Les bras nus, tu comptes arriver à quoi petit barbu que t'es ? Après avoir dépassé le mètre quatre-vingts, tu t'es vu perdu, mais on a fini par te retrouver, t'étais pas assez discret. Le refrain, c'est toujours le même, et quelque part c'est rassurant : parce qu'on se rêve toujours en train de courir sans but dans la nuit et ça nous réveille en sursaut quand le monde se met à s'écrouler sous nos pieds, que l'on peut rien y faire. On veut bien tout de même des photomatons qui nous accrochent à ce sol comme l'ancre : moi je veux bien de ta voix dans n'importe quelle teinte : même brisée j'en veux, parce que la mer fait moins peur comme ça lorsque je me noie pour voir ce que ça fait d'avoir les poumons pleins d'eau. J'ai cette image de shot d'alcools purs, mélangés les uns les autres, qui flambent sur un plan de travail en inox. La chaleur du lieu, le verre qui brûle les joues quand on s'y approche pour siphonner le liquide avec cette paille. Puis les flammes dans le gosier et la rondelle de citron qui s'en suit. Ne reste que la musique, l'évocation, la nuit je rêve de kilomètres parcourus à errer comme une âme en peine, quand tu dors pas à côté de moi. Faut que je m'y fasse t'es mon enclume, mon ancrage, mon drap de soie bien plus agréable que cette redondance offerte par je ne sais quelle raison par ce lit qui grince comme un rafiot craquant. 
C'est toujours les mêmes choses que racontent les jeunes : les nuits, l'alcool, les lits, et les réveils désordonnés. Puis il y a l'amour : celui qui me brise les côtes avec réjouissance, plaisir, sourire sur ma tête mal rasée. Il y a cet amour qui ne doit pas s'éloigner pour que je puisse continuer à vivre, à respirer, à marcher droit / Because you are mine, I walk the line / tes yeux qui me parlent de tendresse, l'odeur des bougies qui nous parfument. Moi je veux tisser des astres, des astres dont tu fais parti dans le soleil qui se couche trop tôt parce que c'est l'hiver, dans le sourire qui nous surprend lorsqu'on distingue tout de même les étoiles de ma terrasse ; malgré la ville, son épuisement. Les jeunes parlent toutes des mêmes choses : des symphonies brisées, fragmentées, qui nous réjouissent le coeur. Moi je veux parler de fresques, de sons, que tu y sois dedans : créées par elles, toujours aussi belle, toujours plus belle parce que c'est le matin d'hiver, la nuit d'été, l'amour. L'amour comme persistance.

Culture war.

12 novembre 2013 // 22:29

 Le silence glacé avait quelque chose de redondant qui semblait renaître. La sueur sur nos fronts attesté de quelque chose, peut-être du fait que nos yeux brillent. Et peut-être que les regards perdus, là, étaient des notes de piano un peu brisées, des notes bleues qui adoucissait les barbes de trois jours à trois semaines. On aurait pu rêver de se déhancher, en criant plutôt qu'en chantant. Dis, c'est quand qu'on y arrive ? A ce monde où tout est une couleur unie et pastel : où t'arrête ton cirque, où t'arrêtes ton char. Où j'arrête de me regarder dans la glace pour me demander si je suis en vie, si je suis droit, si je suis intègre, si je suis un homme, tout simplement, de te dire d'aller te faire foutre. Je crois que quelque chose rate, que je suis sans doute un escroc de te dire ça, que j'ai pas envie de savoir ce qui t'arrive, parce que ça me blessera d'une façon ou d'une autre. 23h30, le début des hostilités. Je me souviens d'une fois où l'on était en voiture et tu roulais comme un connard pour passer ton énervement : j'avais peur, c'était l'été. J'avais peur que l'on se prenne une voiture : je regardais les étoiles défiler à travers le toit ouvrant de ta voiture dont tu t'es séparé comme de la connasse que tu étais allé voir, pensant que tu la récupèrerais une énième fois avec tes remarques d'embobineur alors qu'on sait très bien toi et moi que le seul truc qui te faisait revenir c'était surtout son cul et ses hanches ; même si tu peux me dire ensuite que tu l'as aimé. Je n'approuvais pas toute l'épopée qui nous avait menée à ton énervement : mais j'ai laissé pissé pensant que c'était nécessaire. J'avais pas vu que ça mènerait au fait que tu m'envoies un texto, un jour, beaucoup trop tard pour m'emmerder à savoir où en était notre amitié sans que tu te rendes compte que ton agressivité, ta jalousie et ton égocentrisme bousillé toujours tout au final. Et que moi j'ai pas envie de pardonner, je voudrais laissé pisser encore, pensant, et me trompant, que c'est la bonne solution, puis renoncer au désastre que ça provoque : j'aimerais savoir pourquoi les gens s'énervent, roulent comme des connards sur l'autoroute en Juillet, fin Juillet, alors qu'il fait bien trop chaud dehors pour être honnête, et que l'on pourrait juste penser à être heureux à la place plutôt qu'essayer en vain de sauter à nouveau une fille que l'on a souillé de notre mépris.
Je me demande si parfois tu culpabilises, tu devrais autant que moi pour qu'on soit quitte ; mais je sais que c'est pas le cas et c'est bien le problème. Alors peut-être que je peux frapper dans des cailloux, te répondre que tu peux aller te faire voir avec toute la douceur que je garde pour toi : parce que j'en ai marre des épouvantails. On s'est peut-être perdu dans ce tumulte venu de loin qui a fait que moi j'ai pas aimé tes attitudes surprotectrices à deux balles et que toi, t'as jamais compris l'implicite. Mais quand je vois mon sourire sur les photos, mon rire dans la glace, et l'absence d'alcool dans mes veines, je sais que j'ai raison, malgré l'impression d'égoïsme. Moi je veux du vent pour me porter, fini le vitriol et tes bitures scandaleuses. Fini les trous dans mes heures et les sourires carnassiers : je veux l'équilibre / tu fais salement pencher les balances depuis que t'as le bide gonflé par l'alcool à répétition.

Automne.

10 novembre 2013 // 16:43

 Les pieds froids
Le chauffage tout de même ;
Le linge qui sèche, qui essaye
Et le papier d'arménie qui brûle.

Tu me manques, terriblement, et savoir cela me fait sourire, comblé.

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