Avec ce feu qui nous brûle, nous sommes tous des héros à notre manière, dans notre giron, avec notre ampleur. Les têtes encombrées de pensées peut-être tragiques comme heureuses. Parfois, au détour d'un chemin, on rencontre notre passé et on peut lui demander comment il va, il peut nous répondre. Je ne crois pas en la télépathie, par contre, je crois que les gens changent et que tout ceci peut parfois nous mener nulle part. 
Je suis hanté par toutes ces couleurs, ces images qui me composent, comme autant de parcelles morcelées et recollées avec la glue extra-forte de ma passion. Sur quel pied dansera notre enfant à naître ? Celui que l'on s'imagine lorsque t'as les pieds en l'air après l'amour, parce que c'est comme ça que l'on fait les bébés il paraît. Celui qui s'appellera Caleb, celle qui s'appellera Calliopée. Quelle sera sa passion, sa crypte, son espoir le plus cher, son art ? Des questions qui se bousculent sans que je ne veuille y répondre : on a le temps pour ça, pour tout ça.
Des néons et de la joie, partout autour. Des mouvements fragmentaires et cycliques, des poésies que l'on ne saurait se dire au creux de l'oreille comme au creux des reins. C'est étrange les poèmes au creux des reins. On dansera, c'est sûr. On sera des héros à notre manière et ce sera rassurant, ce sera une jolie histoire comme cette musique dont on ne se sépare jamais, celle qui finalement interroge la vie dans toutes les directions, tous les sens possibles.
Un artefact pour passer l'hiver, pour passer l'été, pour passer le temps, car le temps ne nous fera rien alors qu'on sera comme des phares dans la tourmente. Il y en a tellement des chansons de ce genre. Mais l'on garde toujours quelques une pour se sentir plus fragile, mieux, en bon état, grandiose. Des chansons sur lesquelles dansent les enfants à naître. On garde le cap, et on hisse les voiles couleurs de minuit et demi / midi moins le quart.













 

Beautés baroques

3 décembre 2014 // 11:03

 Petite, tu enfles ma poitrine, tu la fais battre à en fracasser des maisons, désosser des voitures ; pour toi, je cambriolerai autant de banque que Mesrine avec l'air doux pourtant des choses que l'on fait par amour. Une fois que ça c'est dit, qu'est ce qu'on peut ajouter ? Tes sourires quand je fais le pitre et ton air concentré lorsque je te lit une histoire alors que t'es pas assez grande pour entendre des choses comme ça. L'air de famille, ça a quelque chose de saisissant : c'est se reconnaître en nous-même, c'est s'équilibrer, c'est boire de l'eau enfin pure après toutes ces années polluées. T'es une bulle d'air, t'es la clarté : hier, je me suis rendu compte que j'aimais l'automne seulement quand il y a des enfants dedans. Parce qu'être sur la terrasse au soleil lorsqu'on est emmitouflé, qu'il y a un léger vent, que le soleil se couche déjà et dessine ton profil comme une éclipse : c'est ça vivre. C'est te voir chouiner pour pas dormir, c'est te voir sans soucis, comme une ligne de fuite perpétuelle.

// Petite, tu enfles ma poitrine, tu fais battre mon coeur assez pour que l'appartement aie l'air de battre avec moi. Je me ferai comète, pour te rejoindre, je me ferai ce que tu veux pour toi. J'ai la tête qui tourne en ton absence. J'ai besoin de respirer, encore encore. Et déjà partie que tu me manques, reviens dit, reviens-moi vite. J'ai froid aux pieds sans toi, la maison est terne sans toi. Sans toi, sans tes blagues, sans tes crises de colère et ton franc parler. J'écoute doucement doucement Peter Peter en t'imaginant comme t'étais belle à son concert l'autre soir. A imaginer comme je t'aime pour confronter la réalité à mes rêves et me rendre compte que c'est tout pareil. Et je veux encore te lire des histoires, te faire l'amour, me réveiller à tes côtés : tout le jour, toute la nuit, toute cette vie, toutes les prochaines. J'aime le froid contre toi, j'aime vivre contre toi. J'aime doucement chantonner ds valses, nous envoyer valser dans nos rêves. Au plus les jours avancent, au plus je nous sais tout puissant. 

Il y a quelque chose de doux à essayer de marcher sur la pointe des pieds en virevoltant. Tester ses limites comme un gosse. J'ai arrêté de regarder la pluie tomber et pourtant le gris est bien présent sur les épaules. La nuit qui arrive trop tôt n'est pas rassurante, marque de l'hiver sur nous, marque ds blessures que nos corps endurent dans la résistance. Si je dois nous décrire je ne parlerai que de résistance, d'amour et de rires à gorges déployées. Peut-être que mes pitreries me mèneront au bout des cauchemars. Je l'espère à chaque fois que je me réveille en sursaut.
Je ne regarde plus la pluie tomber, je regarde Lana rire. Je regarde les gosses à qui je dis des bêtises le samedi matin. Je regarde les rayons éclatants de soleil qui percent le gris, alors qu'il ne pleut plus, que le sol est détrempé, que la mer au loin ne bouge pas. Quand le vent se lèvera je ralerai peut-être. Comme je râle sans doute du fait que tu partes tout une semaine ou presque accomplir ce pourquoi je t'aime. Dans la grandeur de nos mots, de nos physiques mais aussi de nos ombres je compte bien joliment marcher encore en nous, en notre histoire.

Sinon à la télé il ne passe que des jeux hystériques et sans grand intérêt. Je tape frénétiquement sur des claviers pour faire revivre l'été. Les pages s'accumulent, ton sur ton, dans des rires aigres et des coups de blues. Cette histoire est quelque chose de tendue, entre sublime et grinçant. Elle m'empêche de me regarder moi et sans le voir je vieillis un peu tout le temps. Je reste quelque part un enfant dans le vent tout de même.

 Fascinés par la lumière, la tête dans les boucles de nos corps. Des noeuds partout, sur les troncs d'arbres et les meubles et en nous-mêmes aussi. Encore des choses belles pour les plats du dîner. Encore des sourires, encore des cris. Mais fascinés par la lumière avant tout. Par la fluidité de celle-ci, par la réflexion des rayons sur nos mains. Sur nos nudités. Puis l'ombre, puis le sourire, puis puis puis.

Je regarde Lana apprendre à fermer les yeux quand tout devient aveuglant. Je regarde tous ces enfants qui rient à des blagues que l'on ne trouverait pas drôles. Des dents qui se déchaussent, des petites souris, de l'innocence. Lorsqu'on commence par là, comment se finit l'histoire ? Il manque un peu de pluie, sans doute, ces derniers jours pour faire pousser ce que l'on a en nous. Mais Finalement on s'en fout, on saura faire de l'aridité une force. Régénérer partout pour avoir de l'espoir, à nouveau. Parce que la difficulté, elle, est là.Je regarde Lana, en rire. De l'enfance venteuse. De l'enfance encore, sonore. Se sourire l'un l'autre, s'espérer parents. Encore de la musique, de l'Art, encore de la vie.

Carnassier d'hiver.

25 septembre 2014 // 0:34

 Les sourires, les passions, ce ne sont que des pierres angulaires émoussées. Ce genre de galets qu'on ramasse sur la plage et dont on invente les pouvoirs magiques dans un sourire pour des gosses aux yeux émerveillés. Ensuite, on se voit dans les yeux des minots, on se dit que c'était nous, que l'on avait ce même rire à l'époque et l'époque, ça fait longtemps qu'elle est révolue. Tellement qu'on a pas idée de ce qu'on pensait alors. Le fantasme du déjà-vécu nous remonte dans la gorge comme une violente pharyngite que l'on ne saurait pas vraiment regretter. Assis en tailleur j'ai l'impression d'inventer quelque chose de pointu quand j'écris ça. Une drôle d'histoire échevelée je trouve.

//////// Retomber sur cette lettre étrange que je me suis senti obligé d'écrire un jour pour justifier l'idée que j'avais envie d'être libre. Encore une drôle d'histoire. J'ai l'impression que cela fait une éternité que je n'ai pas arrêté la machine un peu. Je dors différemment, peut-être encombré. Le rhume est pour bientôt, l'air déjà plus frais. Mais pourtant, qu'est-ce qui change dans cette tempête ? Toujours des t-shirt à rayures, des problématiques de société et un besoin humaniste qui nous tord le ventre. Des joints en ribambelle quoi. J'ai fondu, ma mère me trouve svelte, je ne sais pas quand c'était la dernière fois qu'elle a pensé un truc pareil. Y a quinze ans peut-être. Si elle savait. Encore un été à qui on aura niqué sa mère, encore une vie qui roule des poches vides, du vent, du kérosène et de l'asphalte. Toujours ces mots que je brandis en étendard. Une poétique peu complexe et torturée, visant à l'expression essentielle des artères en fleur... Et d'autres conneries du genre. Je crois que j'ai arrêté de vouloir chercher la vérité dans chaque flaque d'eau stagnante, raison pour laquelle j'écris moins ici. Quelques rêveries me font croire que mon roman à venir viendra. J'ai des doutes sur les mots aujourd'hui. Je crois que j'ai trop cherché à les comprendre, j'ai trop renaclé avec l'espoir qu'ils tirent quelque chose de moi. Un an à lire des textes illisibles ça use. Parfois mes yeux recourrent sur les lignes un peu chiantes de mes idées. Un jour je ferai quelque chose d constructif de tous ces plans sur la comète. En attendant l'horizon, les points de fuite et les vagues sont toujours des obsessions un peu encombrantes qui font que mes textes manquent d'ampleur, de respirations. Ne reste que les tourments recroquevillées dont l'agrammaticalité de mon expression desserre les boulons. Il est sans doute l'heure de dormir, je reste planté dans mes choux, dans mes rêves, dans mes pulsions violentes. Ce que l'amour nous fait nous rendre compte ? De tellement de choses que la liste n'a pas de raisons d'être. Je n'ai plus que des justifications pour chacun de mes pas.





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"Tu veux pas rester ? Au moins jusqu'à l'été prochain..." 
Je la regarde, je veux lui promettre que je l'oublierai pas mais je sais que si je pars, il y aura bien un jour où je penserai pas à elle : j'ai mal d'y penser avec cette clarté évidente et désabusée. Je ne dis rien. 
"Tu verras, ici, l'hiver est doux. Tu tueras mon ennuie" 
Elle disait ça en tuant une cigarette l'air de rien, tendue drôlement au niveau de la gorge et du bide. 
Je regarde le vide, vaseux comme je suis : l'histoire comme une répétition, nous sommes dans sa chambre comme ce premier jour où elle m'a pris en photo. Le cliché trône à la droite de sa tête de lit -- un hiver sans gelée. Je hausse les épaules. Il y a ces néons fluos au dessus du lit qui forment les lettres "California", rose et bleu. Teintes poudrées de boudoir magnifique : éclatement de parenthèses. Boucles vitales à la place des secondes, il y a comme des bruits assourdissants de métronomes : cette chambre qui se replie sur nous-mêmes. 
Je revois ce quai, ma mère. Je vois l'hiver, la plaine et la porte. Tout se mélange alors qu'elle m'embrasse. J'ai l'impression étrange de trahir quelqu'un sans savoir qui. Le visage de Louise, de ma mère, de mon père, de Salomé, que des portes arides et pourtant très réelles. De l'angoisse au fond du ventre. Sa bouche elle a le goût des cigarettes et des airs tristes du dimanche soir. Des airs d'émission qui annoncent la rentrée des classes, une pluie de septembre : pire que l'hiver, il y a l'automne beaucoup trop sirupeux. Je pense toujours à des pays lointains en automne et pourtant l'aridité doit se sentir même au cœur d'octobre ici. L'aridité des gorges sèches durant les fins de soirées ou à 8h25 on décide d'aller dormir complètement sous mais asoiffés tout de même : la clope, les mots, l'absence. Combien de jours reste-t-il avant la séparation et la fuite ? Combien de jours avant le réveil ? La fin de la mélodie, l'orgue qui s'emballe, les claviers sans notes et les calvaires musicaux, les maisons à nouveau désertes et à nouveau la poussière s'accumulant sur tout, colonisatrice. Froide et diaphane. Quand sa bouche se retire de la mienne c'est comme si j'expirais de la fumée après une taffe beaucoup trop longue. 
"T'as raison, casse-toi, je te préfère comme ça." 
Sa bouche est un point final dans ces moments-là. California brille, criard.
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