Crown of love

4 septembre 2013 // 14:39

 Des ruines, c'est un visage ! sans fil mais accaparé par le rivage, accaparé par la mer, la couverture et le sourire baisé de tes dessous noirs ; noirs comme des yeux, des corbeaux et des pluies diluviennes. Pensant à tous ces épisodes ratés de mythologies perdues. Se faire beau, se faire propre, alors qu'il est déjà l'après midi et que nous trainons en attente de manger quelque chose de grandiose. Les marchés vidés de leur sens, et les odeurs, les goûts, les extrémités sans puissances mais par dérision. Souffle sur des braises, ds embouligues et des pièces maîtresses, avec la volonté de verser de la vodka dans le fond de ton ventre pour m'y abreuver en cadence. Les mots boitent sur ce clavier parce que je sais que tu regardes mon dos qui se débat, et j'aime ces nuits où je te fais la lecture pour que tu t'endormes avec le sourire et des jolies rêves. Les toits n'ont toujours pas bougé, et nous, on n'a pas bougé, sur ce matelas au sol, à laisser les bruits se diffuser, se laissant un peu de brutalité encore pour les danses dans les carcasses. Allez ! sourions moussaillons, que l'on s'assaille le corps pour y faire germer des découvertes, des sentiments qui font battre le coeur qui nous font s'attacher. Naître de la ruine, y faire naître un visage : pour que tout redémarre comme ces moteurs enrhumés par l'hiver mais vibrant et ronflant, émanant ds gaz certes douloureux mais à l'odeur entêtante. J'ai remis de l'essence dans mes veines, et du vent dans mes artères, alors que mon regard bouge d'immobilité. Il est temps de vivre, grignoter ton corps comme si c'était du sucre, et du fruit. Reprendre du café ensuite, pour bien se rendre compte qu'il faudrait enfin dormir mais que résister à tout ça, c'est quand même grisant.
 Je regarde le rayon de lumière et la pluie de poussière qui y nait lorsque je souffle sur les couvertures de ces livres posés là, durant une saison longue, sèche et froide. Ca fourmille, dans mes extrémités, dans mes retenues, dans mes passions allongées d'eau comme ces pastis souriant, allongées d'eau de bains de mers et de sourires, des tempêtes et des sorbets à la fraise. Le jus de la pastèque qui joue sur ma joue, qui coule et que finalement j'éponge. J'ai ce sourire de gamin, alors que j'écoute des chansons tristes sans avoir peur de pleurer. Je crois que je suis devenu très fort, dans la fraicheur des quarts d'heures qui s'égrainent : le temps que l'on peut passer au téléphone à juste rien dire mais à savoir que ce que l'on se raconte, c'est essentiel, vital. C'est la même mélodie tout le temps, alors que les bruits de l'appartement sont relativement sourds, et insondables. Les grandes enjambées des tambours que l'on frappe doucement dans les orchestres, sachant que l'on déclenche l'orage, me font sourire. Je me joue de tout, c'est parce que sous mes doigts j'ai les souvenirs de ta peau douce qui joue avec le tatouage de ton dos : cette fleur éclose et pourtant simple, perdu dans l'horizon, perdu dans le vent comme les souffles sur les braises, je pourrais y faire naître une goutte du jus de la pastèque et la lécher ensuite, lentement, de peur d'en perdre l'excellence. Et est-ce que tu files les mots comme les caresses ? Oui, je pense à ton corps près du mien, à la rondeur simple et menue de tes seins. Je pense à l'horizon, aux mots que l'on prononce dans une langue différente ; genre en anglais, en italien, peut-être en russe. Je pense dans ton regard à des contrées très chaudes et étendue comme le Sahara, comme ton prénom prononcé avec langueur, à moins que je ne pense à l'oubli de Budapest et de l'Europe centrale. Etirant les sons des pensées, étirant les moments de doutes en des stupeurs qui nous font se perdre mais dormir toujours, dormir toujours près l'un de l'autre. Posant ma main autour de ton crâne pour en essayer la solide et réelle consistance, mes doigts qui s'égarent dans tes cheveux coupés à ras pour replonger dans des profondeurs plus communes et plus barboteuses de mèches qui s'enroulent sur elle-même. Et puis ton sourire est un exercice de style. Planté dans le coeur. Un exercice complexe que l'on aborde en marchant sur la pointe des pieds et en rythme sur les notes de piano, qui pousse à la volte, qui pousse à la vie, qui pousse. Moi je resterai bien suspendu sur ces quelques mots comme à tes lèvres que j'aime mordre pour me réjouir d'y avoir planté nos vies respectives.
 Remettre le compteur de beaux mots à zéro : s'exprimer bien mais ne pas être un beau parleur. Dans la chaleur des bâtiments, la moiteur de nos corps qui se renouvellent : collé-serré avec la tendresse, à fléchir de plus en plus ses jambes, hanches contre hanches à tenter de toucher le sol. Dormir parterre en fin de compte. Oubliés, les jours d'ennuis, les moments insomniaques devant un écran qui ne renvoie que du noir malgré la couleur des images. Et toujours ces mêmes mots hachés dans la bouche. Tu sais que quand tu danses et que tu t'éloignes de quelques centimètres de moi, c'est comme un crève coeur alors que la roue tourne et que l'asphalte... Non, laissons l'asphalte : seul les choeurs de voix d'ailleurs me soufflent que ton sourire en rythme c'est comme la diffusion du sang dans mes artères. Liquides et fluides. La terrasse, les points de repères, le balai que l'on passe, la musique qui est souvent la même, les dîners que l'on grignote et ta peau douce sur laquelle tu écorches des mots, des lettres, des chiffres et des suffisances. Penses-tu que l'on peut se toucher, être humain, se resservir encore de doses de vie.
Remettre le compteur à zéro, et sortir de l'abstrait, te dire que t'es belle, belle enrobée de chambre, belle des champs, des astres et de toute la technique. J'ai ignoré l'été pour le voir renaître, j'ai ignoré les fenêtres mais surtout les miroirs parce que la transparence y était permise. J'ai ignoré tout le pardon et l'oubli, j'ai été gosse, t'as été belle, t'as été bonne, t'as été, pour être ; être au singulier, au présent, au futur, au particulier. Les notes de piano, les mots que l'on s'échange au travers de nos frontières, et les ondes dont tout le monde se fout. Tu sais bien que je veux t'embrasser à nouveau, surtout avouer que tu me manques parce que c'est de cela que l'on se délecte, de cette normalité retrouvée, de cet horizon que l'on atteint enfin en se demandant où est la suite et se rendre compte qu'elle est dans les regards et les mains qui nous emportent. A chercher le contact physique pour se dire que tout ceci est bien réel. Et même si il faut se lever chaque matin alors, ce n'est pas grave. Oubliant les mandolines, les dialogues avec les pourtours, les points de sutures que l'on se coud et que l'on s'arrache pour dire que nos coeurs sont des machines qui marchent. Moi mes poumons me suffisent pour crier ton nom, et pour le reste, je veux un désert que tu habites, un désert dans lequel il y a tout à construire.

Enfance venteuse (18)

21 août 2013 // 14:30

 De la poussière soulevée par chaque pas, des goûts du passé dans la bouche, des mouvements d'épaules sourdes. Regardant le ciel, le plafond, regardant toujours plus haut dans l'espoir de voir une apparition divine. Mais même la pluie s'est tue, ne reste que l'uniforme : la soutane céleste est bleue, bleue limpide. Les mots se collent entre eux, une envie pressente de fumer, de me sentir partir et toujours revenir parce qu'ayant la tête lourde et planante. Chaque pas un peu de poussière à voir la magie des ombres sur le mur gris qui délimite ma terrasse. Les pieds au sol, l'envie de peindre, l'envie de l'ardeur, l'envie qui dévore, envie de faire l'amour sans doute. Mes envies de mâle, mes goûts de garçon, mes envies très humaines en quelques sortes. Ma tête se penche et je regarde le sol, sa chaleur et les pierres ponces qui ne résolvent rien si ce n'est l'avenir. Perdu dans les périphériques, enrobé de joie comme ces bonbons dans du papier plastique et bruyant, parce que la joie est bruyante oui, je viens de le découvrir. Faisant trainer les jours comme si c'était de la pâte à modeler et regarder les tours que l'on érige. Oui, je regarde ce sol avec l'envie de m'étendre, de m'y fondre, et de dormir sur le canapé de flemme d'avoir escaladé jusqu'à ce radeau lointain, dormir sur le canapé la télé sans le son allumée et me réveiller au petit matin avec un torticolis et des images sans sens et sans contextes mais flashy et filandreuses, au milieu de la face. Du sol au plafond, je redécouvre mon physique, ma taille écharpée, mes airs charmeurs et parfois mes angoisses qui se lisent sur mon visage. Alors que l'été s'effile comme ces bas nylons que je voudrais faire glisser sur tes jambes, y découvrir la vie, y passer mes mains jusqu'à ce que le jour se lève ou se couche mais qu'il se bouge de l'horizon stagnant qu'il se promet chaque jour. T'arpenter jusqu'à ce que la vie s'épuise dans les veines, et que des veines ne sortent que des musiques se démultipliant comme les images de nos kaléidoscopes quand on était gosse. Des perles de lumière en plein jour, des couleurs criardes pour les rendez-vous brumeux, pluvieux, sourds, amoureux. Voulant sans cesse la même musique jouée en rythme, voulant sans cesse bouger sur des pieds pourtant fixes. Tournant sur moi-même, revoyant à nouveau la poussière se transformer en fumée, je me rends compte que je n'ai toujours pas parlé d'alcool, de gens ivres, mais le panorama est complet dès lors qu'il y a ta voix, partout n'importe où, ta voix que j'aimerais entendre dire "qu'est ce que t'attends, vas y prends moi", alors je regarderai le vide, un peu saoul, et j'aurai l'air de comprendre, l'air d'intelligence quand je sentirai le vent comme tout de suite sur mes chevilles croisées et rabattues l'une sur l'autre, battant le rythme de mes mots, celui de ma tendresse et de ma rage fougueuse et naïve des instants plus qu'humains. Le piano dans les artères, les cris de meutes montrant les crocs, l'air barbare, les rythmiques violentes, les sirops et jus de fruits en terrasse, les lunettes de soleil, les regards fatigués, les paquets de clopes ramollis et vides avachies sur la table puis jetés à la poubelle, les logos de marques que l'on aime, les bouteilles que l'on entasse en pensant faire une bonne action, les heures que l'on passe au téléphone à se prendre à rêver, les rencontres, les voix, les paradoxes, les bonheurs que l'on ne veut égoïstement pas partager, les listes escamotées dans la vitesse de nos pas sur le bitume, dans la vitesse de nos pas sur la piste de danse, les boîtes de nuit que l'on trouve dans les caves, les boîtes à musique que l'on trouve dans les caves, des berceuses pour calmer nos corps et nos têtes pleines de bruits de pressions et de peur ; des berceuses pour calmer le rythme, enfin se trouver une roche sur laquelle on se fixe et attendre l'avenir comme les sucres d'orges et les histoires pour quand il fait noir et hiver.
Dans le flot continu, la salive coule comme la sève. Une fois qu'on aura les veines sèches, qu'on se sera enfin trouvé : supernovas et comètes pour un flash subtil et lubrique en plein ciel, on pourra parler du cosmos, de terminologie et de pain sans sel. La gorge sèche à s'attendre chacun dans sa tour d'ivoire, dans son coin de constellation, moi je suis bélier, et toi d'où tu es ? A se trouver et parcourir le monde juste parce que le monde c'est un rire, une mélodie qui jamais ne s'arrête et une sorte de transe qui pousse à écrire, et tant pis si le quart d'heure devient heure puis redevient minutes : moi la chronologie je m'en balance. Tant que devant nous l'horizon reste courbe et que je te rêve nue chaque nuit : tes seins, ton cul, ton sourire. Suite logique / magma valseur.
 J'aime ce moment où le jour abandonne définitivement le ciel pour la nuit : ce moment de nuages rouges et roses, ce moment de ciel bleu puis mauve, puis violet. Ce moment stellaire, mouvement d'accords qui roulent sur une guitare. De la compression d'onde et des regards perdus et brumeux. Chacun ses petites histoires, hein, dans ces moments là, chacun sa tambouille, ses images typiques, fédératrice.
Dans la glace je me dis qu'il faut que je me rase, puis abandonne. Je bois une bière en terrasse avec mon frère, je refuse à acheter un paquet de clope, c'est pas le moment, l'heure est aux économies alors que le compte en banque approche dangereusement de zéro. Il fait sombre maintenant que le soleil court ailleurs, va se casser de nous même, que le port s'active enfin mais pas de la même activité que celle du jour : une activité plus paresseuse, lente, et énervée. La sueur sur mon front maintenant épongée, il ferait presque frais : des chaussures fatiguées sur les pieds,  des humeurs marines. J'ai passé la nuit à faire des rêves érotiques inextricables dont j'ai eu du mal, je dois dire, à me sortir mais qui ont fini par étrangement me reposer, me laissant le jour venu qu'un sentiment d'urgence sourde, qu'un sentiment terrible qu'il faudrait se débattre face à la fatalité et sauter un pas qui mène nulle part mais où l'on s'écorche pour notre bien. Maintenant le ciel violet a pris du gris aux joues et c'est la nuit qui s'annonce, alors je vais me lever pour allumer la lumière, je vais m'arrêter là comme la musique.

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