En triant des textes, j'ai relu ça, sensation emprise, tout m'est revenu différemment en souvenir de ce qui m'a fait écrire tout ça. A croire que j'ai arraché du passé de mes pensées.
Nous sommes ailleurs, déclassés, alors que les pieds droits s’achèvent définitivement, comme assoiffés, à cause de la marche. Peut-on dire « nulle part » et penser à ailleurs ? Les mots résonnent et tournent en boucle dans la sono, la psychologie même de la cuite adolescente repose sur ce paradoxe ; « No Future » inscrit en gras sur le bide, « live fast die young » taillé dans la peau blême / imberbe : et liquide dans les intestins. Grêle dehors, vomissures à l’intérieur, j’ai comme des traces de bouches pâteuses. Puisque l’hiver ne tiens jamais ses promesses ici, j’écris et jette une fureur que je ne connais pas vraiment sur ce papier qui n’a rien demandé. Ma tête bouge à nouveau en écoutant tous ces morceaux oubliés de rap : ce soir Dr Dre et Booba pour me remonter le moral comme un whisky coca dérisoire. C’est le stylo qui fait des fautes ; pas moi. Je ne parle pas seulement de l’orthographe, je parle de morale. Puisqu’il faut vivre, rimer sur l’ennui des nuits (forme narcissique : nous nous et encore nous) ; j’érige des histoires flambantes sur le cool. Ca casse la monotonie, et le reflet paraît moins triste en fin de compte.
Nous sommes ailleurs, déclassés, alors que les pieds droits s’achèvent définitivement, comme assoiffés, à cause de la marche. Peut-on dire « nulle part » et penser à ailleurs ? Les mots résonnent et tournent en boucle dans la sono, la psychologie même de la cuite adolescente repose sur ce paradoxe ; « No Future » inscrit en gras sur le bide, « live fast die young » taillé dans la peau blême / imberbe : et liquide dans les intestins. Grêle dehors, vomissures à l’intérieur, j’ai comme des traces de bouches pâteuses. Puisque l’hiver ne tiens jamais ses promesses ici, j’écris et jette une fureur que je ne connais pas vraiment sur ce papier qui n’a rien demandé. Ma tête bouge à nouveau en écoutant tous ces morceaux oubliés de rap : ce soir Dr Dre et Booba pour me remonter le moral comme un whisky coca dérisoire. C’est le stylo qui fait des fautes ; pas moi. Je ne parle pas seulement de l’orthographe, je parle de morale. Puisqu’il faut vivre, rimer sur l’ennui des nuits (forme narcissique : nous nous et encore nous) ; j’érige des histoires flambantes sur le cool. Ca casse la monotonie, et le reflet paraît moins triste en fin de compte.
// Puisqu’il faut vivre… Puisque c’est le stylo qui m’incite à vivre et surtout à brûler… //
(Avec ironie) – L’élan vital, c’est calciner les jours et ne se reposer que dans des chambres d’hôtel que l’on dévalise : « je suis sordide très cher ». On se retrouve ici au milieu de rien, ici au milieu de notre amour qui n’a plus de consistance. On a beau se regarder, et alors se dire que l’on s’aime, les mots sonnent enfin creux. Comme une révélation, comme un calme nouveau ; la fin de la souffrance. L’idée que l’on a enfin une raison de mettre un terme aux nuits sans sommeil. Les restes d’un dîner fastueux, un livre de Bataille corné, les yeux pochés. C’est ce qui reste de notre amour une semaine plus tard. Sommes-nous débauchés prononcent le bleu de ses yeux avec un rire amer coincé au fond de la gorge. La musique à la radio n’est pas réjouissante. Je crache par terre les kilomètres parcourus et saignent mes oreilles, obèses de toutes les conneries qu’elles ont ingurgitées.
Le visage buriné avant même d’avoir respiré, après même avoir dormi les yeux ouverts. A la recherche des cauchemars, sur une piste glissante, connue, glissante tout de même. Mais tout va bien. Les pieds dans l’interminable zone de transit / bison (bisou) sur la bouteille ; pas futé pour deux sous. La pente glissante. Je passe la douane avec aux oreilles cette musique incessante d’un Midnight Express sans libération en fin de compte.
Même pas peau rouge, à chercher le gibier comme un affamé, le bandeau sioux autour de ta mèche ma jolie princesse. « Just wild » dessiné sur le dos du perfecto, voulant l’être – (idée sans fond, comme tous ces verres).
Il paraît ainsi que le monde est plus clair vu du cul d’une bouteille, mais moi je ne bois que des verres. Perdu au milieu de ces danses sans farandoles, ces danses grimées à même la peau brûlée, je ris à gorge déployée. J’ouvre mon cœur, cœur qui saigne. Il n’y a pas de plumes, même si c’est le stylo qui me ressert, sans doute.
Rincé au noir par la pluie… Des contacts humains on en est revenu depuis internet ; mais la biture et la défonce toujours pas. Comme quoi, seul l’impoli persiste.
Je ris, oui, je ris. Le temps clair au-dessus de la brume des cœurs, au-dessus des chansons tristes et au-dessus de ton beau cul inaccessible ; c’est la largeur / longueur / hauteur que me procure le whisky. Et l’envie de chanter vient ensuite, et l’envie de rire à nouveau – (ridicule, ravalé, digéré)
// La mise à mort vient alors : l’ultime verre. Et dans le miroir on a beau se reconnaître, tous les contours sont flous et pour la vie on s’aime / pour le moment on baise ; enfermés au-dehors de notre corps au-dehors de nous / tellement grand(iose) //
Et Toréador prend garde parce qu’ivre, la lame rentre bien plus facilement dans la peau comme devenue huileuse. Et c’est dans les lendemains sanglants, qui ne sont qu’une suite logique tant les nuits sont courtes et s’achèvent par l’aube inévitable, que je me dis qu’il n’y aura plus de révolution. Un peu triste, je range mon air dépité, qu’est-ce que l’on peut y faire, de toute façon. On secoue les paquets de clopes vides dans l’espoir d’une bonne nouvelle mais seul l’appel de l’aspirine se fait entendre. Sur le frigo sale, seuls des post-it sans intérêts ont remplacé les magnets de l’enfance : « ne plus abreuver » comme une incitation à la violence ou à l’asphyxie. De mon front trempé de sueur, je n’en déduis seulement que je ne suis pas beau. J’attrape un blouson, m’enlève de cette scène de crime rempli de la réjouissance des fous, des ogres surtout. Nous ne sommes que des ogres.
// Pluie et quelque, la physionomie en accord avec le rire : regard fou. J’arpente le décalage horaire, le ventre gronde, rien de grave. Je jette des mots dans le vide / asséché par le froid dedans, la moiteur dehors. Asséché par les émotions, la moisson, je fais respirer mon gosier autant que faire se peut. De la buée sort de ma bouche, j’ignore l’heure qu’il est. //
Pluie et quelque. Chacun ses façons de dire l’heure. Dépité ou non, au son de l’harmonica, des valses célestes et de l’accordéon rance du centre de l’Europe, je me trouve une raison de vivre au milieu de ces tours pourtant jeunes, de ces murs de briques taggués dans l’espoir de se faire plus vieux // pluvieux ? la vitre baissée, je respire l’humide // et c’est comme laisser de la barbe sur le visage doux de l’adolescence, c’est déplacé. J’ai laissé une porte ouverte dans le vide rugissant d’un ailleurs. Les musiques douces ont l’énergie des dîners presque angoissants que l’on ingurgite durant des aller-retour interminables en voiture. Pour aller voir « des amis »… Des vestiges de ce que nous sommes, des trainées de poudre au cœur.
J’aime le voyage, mais je n’aime pas voyager. J’aime l’aurore pourtant, tes airs froids et ton regard de marbre. Je n’aime pas le sentiment d’ailleurs quand même le McDo semble plus gras ici que chez moi.
Tes mains brûlantes ont été remplacées par de douces brûlures moites lorsque minuit sonne, et on élira peut-être des musiques comme les amant(e)s de nos vies en fin de course : ce sera une histoire sans fin ; une aventure miraculeuse.
// Si je déchire les pages, c’est parce que j’ai si mal au ventre. C’est parce que ce monde m’aseptise et que seul le bruit de déchirure semble brut / me remet les idées en place / me satisfait entièrement. Reposé alors, rincé par l’acide de ta salive et le feu sur nos joues honteuses, j’imagine nos vies comme un interminable jeu ; mais ni chats ni souris : juste nos rires autour de la marge, marche agile, qu’importe la peur des fêlures : si tu es fragile, je serai fragile – et on aura mal ensemble. Joyeuse danse / transe intense //
Belle dans ta robe alors que le bal a pris fin dans un feu / un cataclysme / je te verrais chez moi, chimère douce de mes rêves frêles, passés, sépias. Te déshabillant sans mon aide, pour une fois, pour toujours maintenant, je respirerai ta fin de journée à même ton corps, à même la chambre qui ne représente plus rien et ce sera une obsession sans ailes, ce sera comme rentrer chez moi tout le temps, par des détours inconnus, par la vie qui s’échappe : une autoroute interminable / minable.
// Le bois finit rongé par la vie ; les membres gourds. Les ampoules ou non aux pieds, il faut quand même traverser la ville, trouver un moyen de presser les émotions, trouver un moyen de se presser, pousser la vie en avant//
Il est couché de soleil dehors et si on ne les retient pas, les feuilles s’envoleront : l’été s’étire, Septembre. L’été, meurtrier. Et pourquoi écrire si ce n’est asséché le stylo, mettre un terme à son dictat terrible qui pèse si lourd sur nos épaules, mes épaules. Se permettre de respirer, tarir, enfin, notre goût.
Si on attend désespérément la pluie, c’est pourtant le soleil qui nous fait rire. La balançoire grince de même lorsqu’elle est désertée. Triste, elle est pourtant plus poétique sans enfants. Quand la nuit sera définitivement tombée, j’enlèverai mes chaussures et marcherai pieds nus dans l’herbe fraiche, humide et grouillante. En regardant de jolies filles faire de même, je me sentirai enfin compris ; peut-être.
Alors, je reprendrai une route qui n’existe pas / la mienne / vers les villes fantômes de mon cœur. Je quitterai ce lieu sordide et pourtant si beau. Montréal et son accent impossible, baigné de mots, cosmopolite : le centre du monde, c’est un bel endroit pour perdre beaucoup. C’est un bel endroit pour renaître.
// Je n’aime pas voyager, j’aime les transports handicapants et la torpeur due au décalage horaire, la douleur froide et obsessionnelle des crampes aux jambes. //
Ma peau sans écorce ne sait où dormir et mes yeux ont perdu l’habitude de distinguer les frontières / contempler les astres. Il n’y avait pas écrit « roulez jeunesse » sur la carcasse de mon histoire, pourtant, c’est tout ce que cette caisse bringuebalante m’inspirait // les langues de feu ne communiquent qu’en cramant, alors, je brûlerai mon ange, je brûlerai. // L’automne finira par ronger toutes les miettes qui restent là à trainer sans savoir où aller, et mes peines de cœur n’auront rien à envier avec toutes les séries B que ces gens ingurgitent / rien à envier aux banquets de minuit deux, chez eux.
Dans le ciel traine la poudre, je me mets dans le sens de la marche. Sourire. C’est la meilleure place pour les étincelles. Et comme au cinéma, l’écran fond vers le noir ; lorsque ce sera l’heure des comptes, il ne restera que des pages, blanches de tout ce que les larmes ont gommé et la morgue a ravalé. Alors je cracherai par terre, en me disant que demain sera vite là.
Pour le moment je me laisse mouiller par la pluie objective sur ce tarmac sans fin : la cacophonie n’est plus un problème depuis que je t’ai vue froide, hurlante comme du métal à mes côtés. Coule l’encre sans précipitation. Il ne fait pas froid. Je me promets d’arrêter de fumer en tirant sur une clope, la pluie rincera mes poumons noirs. Ou rongera mes tourments.
Puisqu’il faut vivre…