Moi j'aime les étincelles, les allumettes qu'on craque et le vent quand il se décide de définitivement faire plus frais. Moi je veux crever l'été, je veux pas voyager, je veux juste qu'on me laisse tranquille. Le reste c'est juste un canapé d'angle gris et des murs prunes. Où l'on vit, ce que l'on fait, où l'on s'amuse. Je repense à ces profs qui me demandent la raison pour laquelle mon mémoire de fin d'étude est bourré de fautes d'orthographes, mon envie de leur répondre parce que je les emmerde, parce que je veux être prof de français et que je suis pas grand chose de plus qu'un branleur un peu doué. Tant pis, les jours passent sans qu'on les regarde ici. Les murs sont plus larges tout de même, on se défend bien mal lorsque le coeur s'emballe.J'avais cette mélodie pleine de cuivres dans les oreilles tout à l'heure. J'ai hâte que quelque chose arrive, que l'on puisse faire des danses en rond. J'en ai rien à foutre des voyages et quand je vois le regard doux et plein d'espièglerie de Mila qui dit "ouistiti pizza" pour sourire sur les photos, je me dis que ma cousine est une conne à vouloir se barrer alors qu'elle est mère d'une gosse. Je repense à ses conseils de merde, je les éclate comme les canettes de coca quand j'étais gosse - comme cet été que je crève en fait -, que j'étais violent et que je savais pas frapper sur les gens. Je me défoulais sur les canettes. Je ne sais toujours pas frapper sur les gens par contre. Ca me rend pas plus beau ni moche. Mes mots pédalent je sais plus vraiment quoi dire. Mais je réécoute Trash yéyé quand la nuit tombe, et d'autres trucs. Ca fait pas de moi quelqu'un d'autre, je crois que la stagnation c'est pas si moche. J'arpente toujours les mêmes rues en étant sûr que la rédemption arrivera pour nos sourires, nos coutures élimées et nos gueules d'anges.
Je repense quand même à l'hystérie sur le visage de ma cousine tout ça parce que je lui ai dit que je voulais avoir un gosse et que je m'en battais les couilles de me barrer un Australie pour avoir l'impression d'avoir vécu. Je repense à cette phrase d'Oxmo 'parce que t'as vu des guns dans ta vie tu dis que t'as du vécu". C'est clairement ça, l'exotisme à la place des balles. Ca me fait pas pisser plus droit je dois dire. Juste un peu de terre dans le ventre et le coeur et dans la bouche aussi sans doute. Ne reste plus qu'à faire des courbettes à la table familiale à la fin, de moins en moins sur que le salut passera par là, par ces têtes dont le souvenir finit par s'user dans mon regard comme toutes ces roches qui s'érodent, ce shit qui s'effrite. Des fautes d'orthographe, des pêles-mêles avec des bambins sur les murs. On finit par habiter tous les lieux dans lesquels on triane, c'est peut-être ça, la vraie économie. C'est peut-être ça, l'essentiel. C'est pas aller voir ailleurs si on y est, parce qu'on en sera jamais.En tout cas, sur la plage, j'ai du laisser quelque boyaux et des canettes à percer. Jeu de massacre. Massacre ludique oui. La famiglia et tout ça.
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