Et si le sang coule, nous serons-nous prouvé que l'on s'aime ? Si les larmes...
Si les larmes coulent, alors c'est que je t'aime, que j'ai la gorge qui fait mal, que toute cette rage m'est insupportable. Les pieds gelés dans des biens jolies chaussures dorénavant trouées. J'en ai pris des remarques sur mon physique, j'en ai jamais été vexé. J'en ai pris des tartes dans ma gueule, mais je l'ai toujours fermé. Alors pourquoi on est là, pourquoi la température est négative, pourquoi est-ce que l'on sent les doigts qui brûlent lorsqu'ils démangent, lorsque le carton de la fin du joint n'est plus suffisant. Les sons s'étouffent dans leur vomis de bruit. Et on roule bien trop vite ne sachant pas vraiment s'il faut rire, en rire.
I
 
L'horizon béton a été remplacé par cette étendue sans fin et orange, jaune. Je ne savais pas que l'horizon pouvait être si beau. Et si elle avait été là, je lui aurait demandé de me faire l'amour ici, maintenant, pour la vie ; dans ce décors où seul les corbeaux filent dans le ciel bas, gris. Orange et gris, et blanc sur les sommets. A suivre le lit des rivières qui s'assèchent à cause du froid. Pourtant je connaissais ce lieu, je ne le connaissais pas comme ça. Comme tous ces souvenirs que l'on peut réinventer, de toi à moi : ces souvenirs d'enfance, ces odeurs dans lesquelles on se perd, on entend les pas de sa grand-mère.
Et l'horizon orange était un service rendu à mon coeur, le teint rouge à cause du vent qui fouette, qui passe dans mes cheveux disgracieux. Après une nuit à dormir par terre, après une vie à ne pas savoir où se trouvait la sortie d'un marasme déjà prévu.

Bien sûr que dans ces moments lourds de sens on se vexe. Je regarde mes doigts gourds, souffle dessus pour savoir s'il y a de la vie en fin de compte. Mais ça glisse comme tous ces mots bien trop violents. Je pense à l'horizon orange, à toutes ces côtes que l'on monte et que l'on respire à plein poumon. Seul les corbeaux ont été témoin de notre passage.
II
 
Puis la neige me parle, elle me raconte que je ne suis qu'un enfant qui aime avoir froid aux pieds, qui aime s'endormir ainsi, remplir à rabord ses sacs. Et dans les silences je lis des détresses, me répète comme ces incantations supposées guérissantes, ces poèmes que je ne connais même pas par coeur. La portière claque : je m'en vais. Oui, va-t-en. Si elle avait été là j'aurais pleuré sur son épaule. Va-t-en, ne revient pas, pas tout de suite. Puis les regards familiaux réaniment quelque chose, quelque part. Les pages se tournent, il fallait bien parler. Et la neige tombe, j'ai espoir que... J'ai espoir que... — la suite reste bloquée dans la gorge.
Les couches blanches de vie glacée me font me rappeler que je ne suis plus un enfant. La bouteille de pastis est descendue en quelques heures. Les rires sont bien là, les rires restent par-dessus le "va-t-en" que l'on souffle derrière nos murs infranchissable. Ce sont des choses qui arrivent, et elle n'est pas là même si sa voix me parle. Je me sens pousser des ailes, je me sens rien. La musique de fin vient au bon moment pour combler le vide de mot. Puisque j'ai tout craché avec la mort dans l'âme et la soif terrible. La fatigue se fait sentir, et je referme le livre. 

Commentaires

Can I kick it ?

Par eclat-de-reves le 16 novembre 2012 // 0:28
J'aime bien l'odeur du tabac. C'est une odeur qui m'a toujours rassurée. Elle est associée à une fille formidable. Que j'ai perdu de vue de manière méprisable.

L'alcool pour monter un barrage contre ce qui fait si mal?
Moi qui n'ait jamais été fin saoule de toute ma vie, je demanderais bien à voir. Si çà fait vraiment office de mirage.

Parce que des tartes dans ma gueule, moi aussi, j'en ai eu droit à quelques unes. Et chaque fois, aucun échappatoire à la douleur. Rien que sa violence à l'intérieur des chairs. Tellement qu'on a mal, on voudrait pouvoir sortir de soi. Se défaire de sa peau. Rester en squelette.
 

Can I kick it ?









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