Bouger la tête en rythme, reprendre en coeur, souffler fort les bougies, se rendre compte du trou dans ses chaussures, prendre le train dans un sens / dans l'autre, fumer des clopes pour cimenter les poumons, goudronner les pages, asphyxier les tempêtes, pleurer les morts, nos morts. Reprendre son souffle, se brûler les yeux devant les écrans pâles et bleus, vodka dans le verre, trinquer à l'impossible, lampée de whisky sec, Aberlour 16 ans d'âge, Keep the car running / intervention / antichrist television blues, regarder les guirlandes, avoir froid, refaire ses comptes, commander des livres. Reprendre son souffle, et éviter les larmes, les embûches, pleurer nos morts tout de même. Relire les brouillons, relier les pages, relire les problèmes non résolus. Asphyxier les propos, courir pour les dernières courses, souffler sur ses doigts, ses bouts de doigts, s'inquiéter, écrire à perte, perdre le fil des conversations, tirer sur les fils du pull fatigué, se dire qu'il faut en acheter un nouveau. Mettre des chemises, se coiffer, se faire beau, prendre de l'avance sur l'été, draguer des filles, ne pas regarder leur fesse, te rêver en robe à fil, effeuiller le paquet d'OCB, effriter les têtes de beuh, s'offrir des carambolages pour des carnages, s'ouvrir l'esprit de façon potentiellement agaçante. Regarder par la fenêtre, voir les déménagements faire l'affaire, préparer ses valises, dévaliser, puis faire la malle. Souffler, souffler sur les bougies en avance, débuter un nouveau roman, attendre l'été, remettre la chanson au début lorsque l'extase n'a été que courte, sourire, pleurer les morts, sourire, attendre la fête, les guirlandes. Puis relire, souffler, relire Se perdre, répondre au téléphone, en courant, acheter de la pâte à modeler pour mon ange Mila, et s'appuyer sur ses jambes pour se tenir droit. Ne pas pleurer, mais pleurer les morts.
Et tant pis pour les tombes.
Et tant pis pour les tombes.