« Dans un bouge de quartier de Londres, dans un lieu hétéroclite des plus sales, au sous-sol, Dirty était ivre. Elle l'était au dernier degré, j'étais près d'elle (ma main avait encore un pansement, suite d'une blessure de verre cassé). Ce jour-là, Dirty avait une robe du soir somptueuse (mais j'étais mal rasé, les cheveux en désordre). Elle étirait ses longues jambes, entrée dans une convulsion violente. Le bouge était plein d'hommes dont les yeux devenaient très sinistres. Ces yeux d'hommes troublés faisaient penser à des cigares éteints. Dirty étreignait ses cuisses nues à deux mains. elle gémissait en mordant un rideau sale. Elle était aussi saoule qu'elle était belle : elle roulait des yeux ronds et furibonds en fixant la lumière du gaz.
- Qu'y a-t-il ? cria-t-elle.
En même temps, elle sursauta, semblable à un canon qui tire dans un nuage de poussière. Les yeux sortis, comme un épouvantail, elle eut un flot de larmes.
- Troppmann ! cria-t-elle à nouveau.
Elle me regardait en ouvrant des yeux de plus en plus grands. De ses longues mains sales elle caressa ma tête de blessé. Mon front était humide de fièvre. Elle pleurait comme on vomit, avec une fille supplication. Sa chevelure, tant elle sanglotait, fut trempé de larmes.
En tous points, la scène qui précéda cette orgie répugnante --nà la suite de laquelle des rats durent rôder autour de deux corps étalés sur le sol -- fut digne de Dostoïevski...
L'ivresse nous avait engagés à la dérive, à la recherche d'une sinistre réponse à l'obsession la plus sinistre. »
Sinon maintenant, j'officie aussi ici : Maraqopa pour parler un peu de culture, au moins essayer.
Le bleu du ciel, Georges Bataille.
9 février 2013 // 16:17
Can I kick it ?
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