http://windychildhood.cowblog.fr/images/Grues.jpg

Enfance venteuse


Les guerres prennent fin, faut croire, mais sous d'autres latitudes. Pour le moment, je ne vois la mer que de loin, je repense à ces voyages avortés, à ces idées d'ailleurs que j'avais, que j'ai abandonné, que j'ai toujours. Je ne regrette pas, pourtant, l'alcool est là les dimanches midi en famille, tout comme les rires. C'est peut-être pas parce qu'on déserte qu'on n'est pas présent, tout ça est si proche. Ca reste toujours les mêmes histoires à la télé quand même, et c'est plutôt triste. Mais parfois je me vois dormir sur les canapés de filles pendant qu'elles m'ont ramenées chez elle et que je ne veux rien faire, rien tenter. Je me replie sur moi-même, l'hiver sans encombre, pour résister à l'été meurtrier. C'est à ça que j'aspire. J'achète quand même des nouvelles fringues, regarde le tas de centimes étalés sur la commode. Ca n'arrive pas pour de vrai, mais c'est une jolie image, doux rêve que je convoite. Rêve durant lesquels j'aurais pas ce paquet de frustration, cette envie de t'appeler toutes les vingts minutes et rien te raconter. Envie durant laquelle tu n'apparais pas nue dans mes rêves ; mes réveils ne sont qu'en sueur, et ton image devient de plus en plus informe et je veux t'attraper et t'aimer là.
Les guerres font des cerceaux dans mon ciel de palmes rouges et bleus, tirant au violet et orange lorsque le soleil passe de l'autre côté de la mer. Chacun ses résistances, ses rébellions d'un soir répétés à l'infini. Le canapé est toujours autant confortable chez moi et défoncé depuis 48h, je vois les ombres devenir ombres plus profondes. Et la constellation qui s'en suit est douce au toucher, vaporeuse. J'ai ouvert en grand la fenêtre, laissé le froid terrible de ce début décembre me ramener à la réalité. J'ai attendu que les mots soient plus doux, j'ai attendu, parce que je ne fais que ça. Le piano de ces groupes fantômes, de ces villes fantômes, me rappelle que j'aimais l'Amérique, l'air du soir et les danses salvatrices. Que j'aimais vider les verres et rire, et ne rien dire. Que j'aimais vivre et ne pas m'en plaindre, que j'aimais vivre et rire. Ecrire longtemps, longuement, d'une main sur l'autre, comme ce funambule de mes rêves, comme tous ces noms communs que l'on additionne. La douche est là pour laver les cheveux perpétuellement gras et débordants d'idées. Ca mange, ça court, ça essaye au moins. Ca racle les gorges comme les chaises sur le sol. Courses de Noël, course aux étoiles, au repos doux et feutré de la maison lorsque la lumière tamisée, seulement, est allumée. Que le sapin qui sent la sève s'élève et qu'il est temps de dire que l'on s'en tape, que l'on s'est remis d'un truc qu'on n'imaginait pas permis. Au fond du gouffre, au fond du verre, au fond de soi, reste un joli coeur à ranimer. Un coeur fait d'ombre, de vapeur ; et de couleur : bleu et rose, et rouge, et vert. Au feu je reconnais la tendresse et la brûlure : toutes ces choses nécessaires à ma vie. Mon carburant familier, docile. Puis la frénésie me fait sauter sur moi-même, danser sur moi-même, m'ouvrir à moi-même. Tourment, tournant, les rires gênés de ces gens sans gênes. Je veux couper les fils, comme ça, sans raison.
Les guerres qui se gagnent de longue haleine, de bouches tumultueuses et de rosée fraîche. Tenir sur soi-même ensuite, se recentrer et commencer les pas de côtés. Je coupe les fils, regarde la pelote, mes amitiés perdus et gâchés. Je regarde ces moments difficiles s'enfoncer comme ce soleil rouge dans la mer. T'étais un joli coeur, joli garçon ; petit Alexis brillant et rêvant d'ailleurs et d'Amérique. Toujours ce serpent qui n'arrête pas de mordre les fesses des autres. Et quand je me libère le soir (bien sûr que je masturbe cet horizon d'angoisse pour essayé d'y voir clair et d'en sortir), je sais que l'hiver devra être sans encombre pour compenser les étés meurtriers de ma fin d'adolescence. Moi je veux la mer, et plus je te veux toi encore, plus j'imagine la marée monter et m'engloutir. Je me relis, repasse sur moi-même cette couverture intense de mots. Et le lettrage est joli lorsque mon cri se perd dans la nuit.

Commentaires

Can I kick it ?

Aucun commentaire n'a encore été ajouté !
 

Can I kick it ?









Commentaire :








Votre adresse IP sera enregistrée pour des raisons de sécurité.
 

La discussion continue ailleurs...

Pour faire un rétrolien sur cet article :
http://windychildhood.cowblog.fr/trackback/3220385

 

<< Ici | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | Ailleurs >>

Créer un podcast