Devil in a new dress.

16 février 2013 // 21:44

 Et Toréador prend garde parce qu’ivre, la lame rentre bien plus facilement dans la peau comme devenue huileuse. Et c’est dans les lendemains sanglants, qui ne sont qu’une suite logique tant les nuits sont courtes et s’achèvent par l’aube inévitable, que je me dis qu’il n’y aura plus de révolution. Un peu triste, je range mon air dépité, qu’est-ce que l’on peut y faire, de toute façon. On secoue les paquets de clopes vides dans l’espoir d’une bonne nouvelle mais seul l’appel de l’aspirine se fait entendre. Sur le frigo sale, seuls des post-it sans intérêts ont remplacé les magnets de l’enfance : « ne plus abreuver » comme une incitation à la violence ou à l’asphyxie. De mon front trempé de sueur, je n’en déduis seulement que je ne suis pas beau. J’attrape un blouson, m’enlève de cette scène de crime rempli de la réjouissance des fous, des ogres surtout. Nous ne sommes que des ogres.
 
J'écrivais ça, septembre 2011, Montréal. J'errais dans les rues, je me demandais ce que valait la vie. Quel était son vraie principe, sa vraie valeur. J'avais perdu un peu tout dans une sorte d'éclipse déplacée, que j'avais vu venir, dont je ne m'étais pas méfié. Le temps semble loin, mais je sais que souvent quand je suis triste le soir, dans ces moments où le vent n'est que glacial et fait briller plus fort les lumières de la ville au loin quand je rentre chez moi, je sais que je repense à cette errance ensoleillée, dans le Parc la Fontaine, que je repense à tous ces moments où j'écrivais sur mon Moleskine, l'air d'être concentré, de ne pas être seul, dans un Café Dépot quelconque du centre. Rentrant avenue Mont Royal, pour trainer ma honte d'être ici, là maintenant, je laissait une goutte couler sur ma joue, s'accrocher à ma barbe fine. Une seule suffisait, ça exorcisait le reste.
En haut de la pente, je me retourne, la ville qui brille, je souris, je fais comme si de rien n'était. Mais je suis ému par le paysage, par les grues en pleine lumière, avec ce fond camaïeu de bleu turquoise à bleu nuit. Et la lune solitaire me fait me penser que j'ai envie de rire sans raison. Je repense à l'air volontairement un peu bête de Marion quand elle regarde la lune, que l'on rentre chacun chez nous après les cours et qu'elle se la joue midinette. Je sais qu'elle l'est un peu, elle me la dit. Et je ne l'aime pas parce que je me sens vulnérable avec elle et que ça faisait longtemps que je ne m'étais pas senti comme ça : prêt à tout dire, prêt à lui parler pour de vrai. C'est peut-être ça qui m'a fait ressortir ce bout de texte de Montréal. Peut-être pas. La suite des évènements, le bruit du train sur les rails. A nouveau secoué je regarde l'heure, rien ne bouge, je remets le morceau dans les enceintes. Je voudrais que les choses marchent, alors je lâche l'affaire : elle a un gars qui l'aime. Mais il paraît que je suis le genre de gars avec qui elle aimerait sortir, c'est elle qui me l'a dit. On était un peu bourré. Qu'est ce qu'on fait avec ça ? On rentre chez soi, on dit rien, on fait semblant de n'avoir rien entendu. Je ne lui ai pas dit que c'était pareil, pour moi. J'ai laissé faire les rires, l'ivresse. J'ai laissé faire parce que je suis en retard de toute façon. Depuis septembre je suis en retard, septembre 2012. Comme quoi, les choses ne bougent pas tout à fait.

Commentaires

Can I kick it ?

Aucun commentaire n'a encore été ajouté !
 

Can I kick it ?









Commentaire :








Votre adresse IP sera enregistrée pour des raisons de sécurité.
 

La discussion continue ailleurs...

Pour faire un rétrolien sur cet article :
http://windychildhood.cowblog.fr/trackback/3230611

 

<< Ici | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | Ailleurs >>

Créer un podcast