Brève.

3 mars 2013 // 23:31

 J'écoute cette compilation que mon frère m'avait fait pour mes 18 ans, me demande si je pourrais résumer tout ce que j'ai vécu, puis je hausse les épaules alors que le printemps pointe le bout de son nez, que je suis légèrement bourré, ennuyé par le train trop lent. Je regarde les boîtes de couleur, me demande pourquoi je collectionne autant de CD, DVD, et autres bouquins, il faudrait que je pense à me résumer à revenir sur moi-même, replié dans trente mètres carrés, il manque des mains douces pour faire battre mon coeur, il est peut-être l'heure de dormir, trouver où vont toutes mes routes parallèles. Surement pas dans des bras rassurant, mais tant pis.
 Vas y qu'on brûle, qu'on regarde à nouveau dans le rétroviseur pour voir si les miroirs sont toujours sales. A force de lâcher des sous pour rien du tout, j'ai cru comprendre que les temps avaient changés, qu'il était temps de s'assumer, s'amuser avec un briquet trop petit. Eclatant toutes ces clopes, buvant à la santé d'un autre, à la santé de l'avenir, vidant les poubelles, fouillant au milieu de nous-même. Les cartons vites emballés, dehors ça hésite à pleuvoir, demain j'aurais quelques mètres carrés personnels et une vie à recréer. Je regarde le cendrier plein, je hausse les épaules ça roule, tout roule, les messages doux me rassurent. Au milieu des questions existentielles, on retourne à l'origine, à lire toujours le même brouillon à avoir le sourire malgré les larmes étranges, serrer sa mère dans les bras, être ému, bref, être en vie. Dernière nuit, là, planté à cet endroit, au même endroit 22 ans durant. La vue sur la mer me manquera peut-être, I am free as a bird now. Je ne sais jamais terminer les histoires.

Chaque soir, la même histoire.

15 février 2013 // 14:19

 Toujours le même amour sur les ondes, son sourire tordu sur la photo brûlé me rassure, me dit que je suis encore un homme qui brûle son négativisme avec l'impression qu'il avance. Les pieds froids, l'amour bannière, l'humour vif, rapide et expansif. Quand le carnassier devient gras comme un BigMac, tout le monde prend l'air, a l'impression de s'oublier dans les bas fonds du sourire. En fin de temps il y a la percussion qui maintient éveillé alors qu'on dort debout comme ces pauvres insomniaques aux ailes brûlées aux rêves, étranges et brûlés, terre. Seul dans mes lits, je suis seul, trainant un ennuie qui est un poids sympathique, aigu, solennel et réel. On évite les coins des meubles mais pourtant, on voudrait bien souffrir pour savoir que les sentiments sont bien réels.
Je regarde la lame tâchée du sang de la sauce tomate, le plat gargantuesque de pâtes aux moules rassure et le goût du safran, l'odeur des figuiers et du papier d'Arménie sont autant de moments originels, de cryptes bafouées mais remises au jour. Le grand air plus tard je me sens les ailes toutes poussées, prêtes à être bouffées. ils parlent de leurs analyses psychologiques,je  me dis qu'il serait tant que je m'allonge, pour ne plus être cette boule de nerf qui ne sait pas où elle a mal. Parce que c'est pas normal d'être humain à ce point, ça fait mal dans l'arrière du crâne. Alors que le compteur tourne, c'est toujours les mêmes histoires de banquette arrière, avec un chauffeur de taxi qui se plaint du temps, et le vent par dessus c'est que des rêves, des friandises pour les gosses. J'ai que des caries pour les belles jeunes filles. Et j'arrive en retard pour les festins, j'arrive en retard pour l'amour et pour une fois que je trouvais une fille belle à en tomber, et douce. Ses mains ne seront que des rêves, je me rentre sans cesse chez moi, tu sais, je me rentre en moi-même.

 

Le bleu du ciel, Georges Bataille.

9 février 2013 // 16:17

 « Dans un bouge de quartier de Londres, dans un lieu hétéroclite des plus sales, au sous-sol, Dirty était ivre. Elle l'était au dernier degré, j'étais près d'elle (ma main avait encore un pansement, suite d'une blessure de verre cassé). Ce jour-là, Dirty avait une robe du soir somptueuse (mais j'étais mal rasé, les cheveux en désordre). Elle étirait ses longues jambes, entrée dans une convulsion violente. Le bouge était plein d'hommes dont les yeux devenaient très sinistres. Ces yeux d'hommes troublés faisaient penser à des cigares éteints. Dirty étreignait ses cuisses nues à deux mains. elle gémissait en mordant un rideau sale. Elle était aussi saoule qu'elle était belle : elle roulait des yeux ronds et furibonds en fixant la lumière du gaz.
- Qu'y a-t-il ? cria-t-elle.
En même temps, elle sursauta, semblable à un canon qui tire dans un nuage de poussière. Les yeux sortis, comme un épouvantail, elle eut un flot de larmes.
- Troppmann ! cria-t-elle à nouveau.
Elle me regardait en ouvrant des yeux de plus en plus grands. De ses longues mains sales elle caressa ma tête de blessé. Mon front était humide de fièvre. Elle pleurait comme on vomit, avec une fille supplication. Sa chevelure, tant elle sanglotait, fut trempé de larmes.
En tous points, la scène qui précéda cette orgie répugnante --nà la suite de laquelle des rats durent rôder autour de deux corps étalés sur le sol -- fut digne de Dostoïevski...
L'ivresse nous avait engagés à la dérive, à la recherche d'une sinistre réponse à l'obsession la plus sinistre. »

Sinon maintenant, j'officie aussi ici : Maraqopa pour parler un peu de culture, au moins essayer.

Enfance venteuse (5) / Castle Walls

8 février 2013 // 18:13

 Le soleil se couche, j'ai le sourire, l'air vaseux, téméraire. Trainant dans les rues la nuit je laisse de côté la possibilité absurde de rentrer chez moi, de ne pas avoir froid. Ruiné par la bière plus ou moins chère, par le reste aussi. C'était une épopée comme l'on en fait plus. Sur le dancefloor j'ai laissé goutter le sang. Crachant dans une bière, en boucle, sifflant tous ces verres flambés : terre brûlée au fond du coeur. A parler d'amour avec des filles, à dire que ouais, moi, en ce moment c'est compliqué. Aveux à demi voilés mais qui flattent surtout. La flatterie me fait avoir chaud, soudainement et dès lors avec cette nouvelle équipée je redécouvre tous les lieux que je hante. La musique me fait me tenir debout, me faire tortiller le cul. Promis on va finir par danser. Je laisse goutter le sang sur le parquet, vivement le jour où je me sentirai libre.

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