Il y a longtemps que je t'aime

31 octobre 2012 // 18:49

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Et les comptines sont des mouvements de coeurs qui ne savent pas me suffoquer.
Compartiment et quelque, bouquet de fleur, place toute désignée ;
La rime est partie avec le vent
Tu l'entends, tu l'entends la musique de mes larmes qui ne sortent pas ?

Elles sont pour toi, ma belle aux yeux bleus, enfuie que tu es.
Compartiment et quelque, ce train me voyage, me tourmente ;
La pluie ne cessera jamais. 

 
Est-ce que Marseille est une ville pour s'aimer ? Chaque jour j'en doute un peu plus attendant que les ravins se creusent. Il faudrait peut-être que je parle d'autre chose que d'amour, de mort ; faudrait peut-être que j'arrête l'angoisse. J'écoute So on, Nevada avec cet esprit d'aventure que j'avais perdu. J'écoute les portes qui se ferment, qui me plaisent tout de même. Brassant des vagues de mer comme de bière, je laisse l'horizon tanguer alors que tout le monde plie bagage. Je me souviens de toutes ces nuits de mer, de plage, que je racontais sans vivre ; que je racontais sans dire. Il était un joyeux drille, un peu poète dira-t-on. Puis je regarde les pancartes, se sont toujours les mêmes mots plaqués en grosses lettres. Non, ça va pas. Oui, je vais devenir détestable. Qu'y puis-je ? Un million de mots plus tard, ce sera toujours la même histoire, j'essaierai toujours de me sortir de rien du tout, d'un trou que je creuse consciemment.
Et je sais que demain devant cette plaque de marbre, je penserai à toi. Je le sais. Je penserai à ce que tu finirais par me dire pour que tout aille mieux. Mais t'es plus là, et je regarderai cette plaque, ta putain de plaque de marbre. Et je sais que t'aimerais pas que je jure ; d'ailleurs je ne bois pas ce soir juste pour toi.
 
Et si le sang coule, nous serons-nous prouvé que l'on s'aime ? Si les larmes...
Si les larmes coulent, alors c'est que je t'aime, que j'ai la gorge qui fait mal, que toute cette rage m'est insupportable. Les pieds gelés dans des biens jolies chaussures dorénavant trouées. J'en ai pris des remarques sur mon physique, j'en ai jamais été vexé. J'en ai pris des tartes dans ma gueule, mais je l'ai toujours fermé. Alors pourquoi on est là, pourquoi la température est négative, pourquoi est-ce que l'on sent les doigts qui brûlent lorsqu'ils démangent, lorsque le carton de la fin du joint n'est plus suffisant. Les sons s'étouffent dans leur vomis de bruit. Et on roule bien trop vite ne sachant pas vraiment s'il faut rire, en rire.
I
 
L'horizon béton a été remplacé par cette étendue sans fin et orange, jaune. Je ne savais pas que l'horizon pouvait être si beau. Et si elle avait été là, je lui aurait demandé de me faire l'amour ici, maintenant, pour la vie ; dans ce décors où seul les corbeaux filent dans le ciel bas, gris. Orange et gris, et blanc sur les sommets. A suivre le lit des rivières qui s'assèchent à cause du froid. Pourtant je connaissais ce lieu, je ne le connaissais pas comme ça. Comme tous ces souvenirs que l'on peut réinventer, de toi à moi : ces souvenirs d'enfance, ces odeurs dans lesquelles on se perd, on entend les pas de sa grand-mère.
Et l'horizon orange était un service rendu à mon coeur, le teint rouge à cause du vent qui fouette, qui passe dans mes cheveux disgracieux. Après une nuit à dormir par terre, après une vie à ne pas savoir où se trouvait la sortie d'un marasme déjà prévu.

Bien sûr que dans ces moments lourds de sens on se vexe. Je regarde mes doigts gourds, souffle dessus pour savoir s'il y a de la vie en fin de compte. Mais ça glisse comme tous ces mots bien trop violents. Je pense à l'horizon orange, à toutes ces côtes que l'on monte et que l'on respire à plein poumon. Seul les corbeaux ont été témoin de notre passage.
II
 
Puis la neige me parle, elle me raconte que je ne suis qu'un enfant qui aime avoir froid aux pieds, qui aime s'endormir ainsi, remplir à rabord ses sacs. Et dans les silences je lis des détresses, me répète comme ces incantations supposées guérissantes, ces poèmes que je ne connais même pas par coeur. La portière claque : je m'en vais. Oui, va-t-en. Si elle avait été là j'aurais pleuré sur son épaule. Va-t-en, ne revient pas, pas tout de suite. Puis les regards familiaux réaniment quelque chose, quelque part. Les pages se tournent, il fallait bien parler. Et la neige tombe, j'ai espoir que... J'ai espoir que... — la suite reste bloquée dans la gorge.
Les couches blanches de vie glacée me font me rappeler que je ne suis plus un enfant. La bouteille de pastis est descendue en quelques heures. Les rires sont bien là, les rires restent par-dessus le "va-t-en" que l'on souffle derrière nos murs infranchissable. Ce sont des choses qui arrivent, et elle n'est pas là même si sa voix me parle. Je me sens pousser des ailes, je me sens rien. La musique de fin vient au bon moment pour combler le vide de mot. Puisque j'ai tout craché avec la mort dans l'âme et la soif terrible. La fatigue se fait sentir, et je referme le livre. 

Avril c'est un peu comme les nuages.

25 octobre 2012 // 20:20

Il brûlait du papier, mais le temps paraissait long. Et les doigts s’enfonçaient dans son bureau, dans cette chambre dans ce cœur de femme ; ce joli cœur. Le chant venait des cavernes et la fumée de sa bouche / et dans les haies de guêtres il y avait son trésor. Une chanson large et des retours à la ligne. Pourvu qu’il soit l’heure / d’ouvrir les yeux. Une chanson large de vague primesautière / de prime abordage.

Il bougeait la tête, mais sa nuque était scotchée aux pas des éboueurs / la nuit sirène pesait sur les épaules de tous ces gus aux artères dilatées par la pisse qu’ils servent Chez Mus. Et il bougeait la tête ouais, collant ses chaussures sur le pavé céleste, sautant et tombant à la fois comme ces cascades asséchées que je boite quand coule l’air du soir. Les synthés qui s’écroulent sur le beat allument toutes ces clopes d’un geste matinal, et calcinent les jours de doute.

Il roulait, roulait vers l’avenir / ses clopes pour mieux les donner aux plus offrants et l’offre était ahuri-intelligente. Et je pense à tous ces mots que l’on peut rentrer dans d’autres / étrange film de cul alors que les fesses à l’air je plonge. Il roulait sans le sou, sans le soir, juste avec des bougies comme ses dix doigts. Et trempait par la trompette les dérapages c’était les rues New-yorkaise qui inondaient le salon. Surnage / mage / marge…

Il parait qu’on se fait vieux. 

Si marcher sur le fil ténu du vent est une occupation, alors je suis funambule. Sinon, je ne suis qu'un gosse à frapper avec une batte de baseball. Pour que l'hiver soit sans encombres. Les temps sont durs, gratte une clope, gratte un ciel, le cul collé sur cette fontaine à tremper ton jean à rire en dégorgeant comme si ça pouvait jamais s'arrêter. Des vapeurs chimiques intolérables, on s'défend, on s'défonce. Où sont les couchers de soleil dans cette atmosphère trouée par la poésie. Pourtant j'avais des choses à dire. Enfance venteuse : je cherche des mots à coller sur mon porte-flingue et des bouts de papiers à foutre au fond de mes trop grandes chaussure. Enfant venteux mais réjouit, s'accomplissant ici comme chaque soir, déversant. Je repense à la pisse qu'ils servent Chez Mus et estime que celle du Brigand n'est pas plus respectable. Comme quoi on est bien con. Et de réaliser cela me fait me rendre compte que des mois ont passé comme ça : un été est passé comme ça. Dans mon dos coule le sang ; coule le sens. J'allume la mèche, ne reste plus qu'à se défendre. J'allume la mèche, bouteille en verre. J'attends. Pour que l'hiver soit sans encombre ; j'attends le vent, le vent.


 
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Dans le bordel constant de la chambre, je veux du bruit. Loin de l'harmonie, remonter la pente fait transpirer, souffrir.
Les pieds dans la lueur du soir. Et tes lèvres j'en veux le souvenir.
Seule la musique reste quand tu souffles sur tes doigts : c'est ce que disait ces gosses avec ces grands yeux qui leur bouffaient le visage.
Il était l'heure de la pluie, des flaques qui s'amoncellent sur les parterres de la chambre de plus en plus vide.
Y a-t-il une idée de la fuite ? Sur les murs et les ambulances il peignait Exil.
S'il s'agit de survivre, il en est. Et moi, moi, je le regarde regarder / Il me ressemble /Je parle de l'intérieur et lui, écoute de l'intérieur.
On s'comprend, elle a un cul de déesse ; c'est bien ça le problème.

Terminal 2b.

23 octobre 2012 // 18:42

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Manège étrange, la longueur de focale s'est brisée sur les récifs, s'est brisée contre l'horizon. Ca a écrasé les seconds plans, ça a écrasé mes projets mais peut-être pour le mieux. Ne pas dormir, attendre les sentences, ne pas dormir. S'énerver contre R. dire que c'est beaucoup trop dur, souffrir, puis savoir que je vais m'en sortir : "parce que je veux vivre", voilà ce que je te dis. Ouais je veux vivre, je veux être léger, drôle, dragueur et plutôt beau. Parfois je réussi, souvent j'échoue. Mais j'essaye. A l'aise dans mes baskets, un peu moins dans ce jean maintenant taché de jaune. L'avis des autres je m'en balance. Je n'ai pas de clope non, je n'ai pas le coeur à ça. Je n'ai plus grand chose, quelques clopinettes sur un compte courant qui sent le vent, qui se taille.
Le papier peint est toujours gris, je l'ai voulu comme ça, je me suis voulu au milieu de ça. Ohio toujours resplendissant, les mots collés au fond de mon sac. Demain la sentence mais je suis léger, malgré mes maux de jambe. Je suis léger comme on s'écrase, comme tu passes ta main dans mes cheveux et que je ressens le coeur qui s'élance à nouveau. Même si je sais que plus rien ne sera comme avant. Rien n'est jamais comme hier : la vie est un cycle alors j'attends avant-hier. Etrange manège, avant-hier. 

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