Puisque l'odeur des feuilles mortes que l'on brûle est acre, impossible à échapper, je finis par regarder le quartier qui ne veut plus se cacher. C'est un dimanche d'automne que l'on sèche avec les larmes. Gare aux incendies, aux voix de braises, aux voies biaisées. Et si c'est une chanson que l'on se chante. Et si c'est une chanson, alors moi je ne suis pas chanteur, tout juste arrangeur pour dames aux coeurs blessés. J'érige des périodes qui s'émergent toutes seules. Ecris des phrases qui ne veulent rien dire. Performant, troublé par les regards brisés. J'attends que ça passe tout ça, toute cette odeur des feuilles mortes qui tombent, tombent quelque part. Pensant que les gens partent, "on finit toujours seul", ta phrase préférée ; certes. Je l'ai bien vu, mais je ne veux pas y croire. Je veux pas redevenir triste comme la semaine dernière. Je veux être le "tac" de mon horloge, le "tic" est bien trop sordide.Saugrenu j'aurais aimé dire, à une époque bien loin là. Loin de moi je vois bouger les étoiles au grès du vent. On s'accorde comme on le souhaite dès lors.

Ce soir j'écoute mistral gagnant avec l'envie de m'évader. Je regarde les cages être solides pour de vrai. Je regarde, et je ne regarde que le vide d'une rue abandonnée où la brume du matin n'était que celle de ces feuilles que l'on brûle. Feuilles de platanes, car il n'y a que ces plantes qui poussent sur ce sol ingrat. Le poteau orange m'illumine le visage de tons dont je n'ai pas envie d'entendre parler. Elles sont belles les histoires tristes, belles les histoires à pas s'en sortir. Mais j'essaie, je nage, je brasse vers la sortie. Je me poursuis de larmes en rires. Allez, on dirait pas comme ça que je déprime. On dirait pas comme ça que les mots me touchent. Parce que je veux partager les moments de joie aussi, il ne faut pas croire, ils sont juste rares.

Ca sert à rien que tu t'épuises.

15 novembre 2012 // 3:52

Ils boivent pour fêter les victoires, les illusions et les déboires. Nouveau beaujolais et bouges terrestres. Je ne fais même plus de phrases parce que le vers s'est brisé. A écouter toujours la même berceuses, et les landaus envolés des champs dans les clefs, les serrures des manteaux de laine. Acrylique et confettis, le verre est troué, les mots s'emboîtent. Lego multicolores, rassurant, l'appartement est neuf, flambant de ce cocktail sans mole, juste otov. Jouer avec les mots, écouter Purple Swag à fond, regarder le clip juste pour voir la jolie blonde avec des dents en or dire : "big booty juicy fruity". La pluie, le vent, le soleil, la transpiration. Toujours la même histoire, pourquoi écris-je encore ? Déjà essoufflé quand je commence à vivre, et la gorge nouée je regarde le train qui passe. L'horizon n'est plus un sujet de débat, toujours mes cinq lignes compilées, jetées aux lions comme les je t'aime dans l'arène. 
On aura beau parler d'euphonie et d'aphorismes, les têtes sont toujours vides, les esprits frondeurs, presque libertins alors que l'orage éclate dans ce ciel si pur. Le quartier est toujours aussi calme mais je veille la nuit lorsque je ne dors pas, je regarde les arbres rester à leur place. Et la mer en devient dégueulasse.
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Le format est toujours le même, le sable toujours chaud et ta voix rauque... La voix rauque, il faut que j'apprenne que tu n'existes plus malgré ton omniprésence. Me vexer pour des broutilles, ne plus vouloir écouter les autres, ne plus vouloir sortir, rester cloîtré chez moi à attendre que la musique soit assez forte pour me percer les tympans. Faut dire, j'ai le temps de rien et je l'exploite. Explosé les refrains, je pleure, ému d'un presque rien. De scènes belles dans des ascenseurs, d'amours à sens uniques mais giratoires. Je m'aime et me déteste dans la glace, et changer ma gueule ne change pas le reste, je suis humain malgré tout, les strilles sur mon visage l'attestent. Dormir dehors ou à l'ouest, pour ce que le temps presse. Tempête, il pleut dans ma tête.
Tu sais, mon coeur, je ne dors plus vraiment, écoute toujours les mêmes chansons et attend toujours la même pluie, les mêmes sourires, les mêmes bonnes surprises dans des pochettes déjà ouvertes. Même mes chemises neuves ont un goût de vieux. Qu'est-ce qu'on y peut ? Mixture dans les bouteilles et les verres de plastique, dans les cigarettes (vas-y, roule !) des points de suspension ensuite en guise de suture. A la ligne.
Putain de finistère, mal dans nos peaux à avoir mal comme ça, à pas savoir quoi faire, mais à toujours être bouffies de chaleur, je laisse le temps au temps comme disent les proverbes de langues anciennes. Détente puis larme, le manque de sommeil visible jusque sur nos joues. Finir dans les bras l'un de l'autre pour se conserver. Vouloir le monde, vouloir la paix / putain de finistère, putain de corps qui nous échappent, de mots que l'on prononce tout bas, de nos mains qui se cherchent sans le vouloir, sans le savoir. Putain de finistère. Prétendre au sublime, se dire qu'on est beau en fin de compte, comme si on l'ignorait, comme si la glace nous le cachait. Langues sur le monde, jalousie de Derviches, et cycles par cycles je fais le phénix.

Pour ce que le ciel m'asphyxie, on peut bien partager un café. Après tout, on s'aime encore, malgré le voile noir sur le rétroviseur.

All we could do was sing.

12 novembre 2012 // 14:29

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Quand le soleil brille, je ne me réfugie surtout pas. J'ai juste chaud. C'est ainsi que se construit les foutaises et l'ennui dès le réveil.
Bercé par des violons, si la vie avait une odeur ; peut-être que ce serait la tienne ? Ou la mienne, mais je n'y crois pas à ça. Déglingué par le lit. Le dos qui tire. Le rythme effreiné. Quoiqu'il en soit, j'en ressens des choses. Et c'est ainsi que voguent les ritournelles : je sais que tu es heureuse de l'apprendre.
Sur le papier, les lettres semblent gentilles. Je ne sais pas ce qu'elles racontent.

Puis si les mots ne suffisent pas, je laisse couler la pluie, goutte à goutte ; je n'ai pas envie d'être triste. Mes pieds dansent en coeur. Jolie folie. J'ai l'impression que. Lorsque je ne dis rien, je dis qui je suis. Les mots sur la comète ne tombent qu'en désuétude : je vais chercher loin la force de vivre.
Quand les disques se terminent, moi, je suis toujours un peu triste. Mais sinon, j'aime ta peau et surtout sa consistance.

(Lettre jamais envoyée)

Puisque c'est la dernière chanson, je le sais, c'est tout, je me penche un peu plus avant et je salue la foule. Parterre de roses dont il ne reste que les épines et mes pieds nus pour les écraser. Echardes et taches de sang, la marche est ample ensuite, pour eviter de blesser les talons, pour se conserver et dire que l'on ne court pas comme un imbécile. Préparé pour la guerre, pour le froid, je finis par rire. Une allumette en bouche, je mordille le temps qui s'écoule pâteux : lundi de novembre, pâle automne moutonneux (la faute à la brume). En rangeant, je suis retombé sur ce bout de lettre que je n'ai jamais envoyé ; maintenant il est trop tard, même si dans mes textos de deux heures du matin je te dis que j'aime ton cul (que j'en veux à ton cul tu ironises) et que ça te rassure parce que tu te sens moche et méchante. Je ne dis à personne que je fais ça, que je recommence à rire avec toi, parce que personne le comprendrait, parce que tout le monde me conseille de te fuir. Mais c'est en jouant sur ce fil ténu entre angoisse et joie que je me sens vivre. Et j'ai désespérément besoin de vivre, tu vois ? De l'odeur du souffre et de l'explosion. De l'odeur de toutes ces filles que je drague sans but et qui me hante toute la nuit ensuite. Hier tu m'as dit que j'étais toujours aussi beau, et j'aimerais y croire, une allumette au milieu des dents j'ai juste l'air un peu ridicule. Peut-être que t'as raison, même si je t'ai jamais cru. J'attends juste, passe ma main dans ces cheveux bien plus courts qu'avant. J'attends le prochain train.

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