Vie ennuyeuse, sans obligations d'achats bien sûr, je reste dans cette frontière chaude et douce entre le macabre et le tout simplement ennuyeux. Passant de l'un à l'autre, miroir, fumée, toujours les mêmes histoires, alors que les yeux se font plus petits brûlés par les écrans. Regardant la rue, la rue me regardant. Triste état des lieux d'un paysage toujours aussi humain, vital, calme. Beaucoup me diront que c'est une belle vue, moi j'en ai ma claque. Mais quand même heureux, mais quand même. Pourquoi toujours nier l'évidence que rien de grave n'arrive mais que l'accumulation nous rend profondément bancals. C'est de savoir, d'être armé pour le suite. Je crayonne des gribouillages sans suites sur des cahiers que j'ai ouvert pour des raisons sans doute malines dans un premier temps. Le parquet craque sous mes pas, et je ne m'arrêterai pas, non, de remuer la jambe : dernier signe de mon anxiété que j'essaye tant et tant de cacher sous de la fausse désinvolture. Être un gars flippé, ça induit un itinéraire qui, immanquablement, me ramène à la coquille qui immanquablement m'amène vers la méditation, le silence intérieur, le repli sur moi-même. Ensuite, j'explore. Et comme une recette de cuisine pour sophrologie d'amateur, quand j'ouvre les yeux tous les matins je suis plus fatigué que la veille. Pourtant je suis immobile, allez comprendre. A avaler par dizaines des images dont je ne sais plus quoi faire. Il est temps de partir, de revenir, de repartir. Réfléchissant sur la possibilité de la présence ; sur la possibilité de TA présence dans mon lit, je tourne en rond, j'esquive. Tangente (mot que je ne sais jamais écrire) et le cercle pourtant qui revient à mes trousses : coquille fêlée, il est l'heure d'allumer la télé, et rire devant ce que l'on me propose. Ca danse au creux de moi, c'est abrutissant, mais ça peut faire rire tout de même.

Némésis & Roi sans carrosse

27 janvier 2013 // 20:07

 On y voit plus clair avec les violons, parce que pour le moment, là, il fait bien sombre dans tes aspérités de gosses aux cheveux qui s'en aillent et reviennent constamment dans le vent. Garçon plein d'avenir, que tu fais ton malin avec ta coupe de beatles mal dégrossi, tu te dis en mal d'amour, mais tu fais quoi, hein, pour qu'on t'aime. Et quand ça saigne, t'es toujours dans la bagarre, la baston comme une plaie à vif que t'aimes rouvrir, l'air de rien, pour voir si le coeur s'accélère. T'auras beau essayé de me faire croire que chez toi épique et épicurisme ça va de pair, je vomis tous tes excès, toutes tes conquêtes inutiles et en demi-teintes telles des acquisitions borgnes qui n'ont rien à faire ici ; non, pas de ça chez moi, pas de toi chez moi. Tu peux résister et faire la tête dès lors. Je m'assoie sur tous tes grognements, tes scrogneugneux borgnes mais volages. Paraît que les rideaux se lèvent quand tu passes dans le rivage, en coup de vent tiens, voilà qu'il se ramène à la maison sans prévenir. Etalé sur le canapé comme réclamant ton dû et ton royaume : la dîme c'est devoir te supporter tout le temps. Tu pues le cafard et mon exaspération.
Et même si je t'aime bien, je peux pas te tolérer dans le miroir, c'est pas ta faute, t'es un dernier-né qu'on assume pas forcément, mais que l'on respecte quand même par la force des choses. T'as beau habiter tous les verres d'alcool que je bois, toutes les taffes que je tire (et je te parle même pas du reste), je suis toujours surpris de ta venue si semblable à la précédente. A croire que j'évolue pas, c'est bien ma faute. Mais je t'aime et je te hais, toi, dans le fond de mon regard en miroir. Pupilles dilatées, rythme cardiaque en hausse, mon joli carnage, mon joli pic d'amour, ma jolie jouissance mousseuse. Contours flous, la photo est cramé par la cigarette et on saurait pas vraiment prendre tout ça par les deux bouts : sauvé du feu maismaladifs. Gentil monstre sur mon épaule je t'aime mais mon dieu que je te hais !
 Parait qu'on tremble comme des feuilles une fois qu'on a plus rien à dire, les filles sont sifflées allègrement et le temps passe comme ça par le vent, par l'émotion on essaye d'évoluer. Faire des mondes à partir de phrases, faire des histoires, mais rire quand même alors qu'on prend toute la place de nos voix, qu'on se coupe. Parce que même parler devient une guerre quand l'ennui est permanent, que les têtes se penchent. Besoin de se confesser, je répète tous ces refrains su par coeur, appréhendés le temps de griller sur place. Parait qu'on tremble comme des feuilles, paria de nous mêmes. On finit par dire des choses intelligentes, en frémissant à cause du froid dehors. Clope roulée comme on peut, les doigts qui ne caressent plus vraiment, qui n'agressent que le clavier, les touche. Les explosions ne sont que dans la tête en fait, mais les coups de pression ont ce pouvoir de comprimer le coeur, de le rendre mal placé même s'il ne bouge pas. Des coups sur la tronche pour se réveiller, café et jet d'eau sur les joues. Quand les cheveux sont sales, quand le bus est bondé, quand on se réveille enfin. Des tranches de sensation d'une journée toujours la même, toujours puissante malgré le retrait personnel de mon corps, la puissance des voix et l'absence de salive. Les mots tournent comme des chansons et vraiment, s'écouter, ce n'est plus la mode. Les choses s'entassent alors qu'on trouve que l'on ressemble à celui qu'on a toujours été. J'ai la bouche pleine du prochain mot, celui qui me mènera dans un quelconque lit dans lequel je me sentirai chez moi, à l'aise. un bar enfumé finira par m'accueillir, j'aurais l'impression d'être chez moi : tu sais, toute cette histoire de rivages...

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19 janvier 2013 // 22:53

 Les chiffres entre parenthèses comme une image dénaturée au fond de mon cerveau. Milieu de rêve, je souffle et me réveille encore là, toujours dans le même lit, toujours ce bras mort à force de dormir dessus. Parfois on écrit des suites sans tons, sans tain. Miroirs d'eaux troubles, sombres, éclatée sur le sol de la cuisine. Je relis ces lettres imaginaires que je compile depuis toutes ces années. Ces fins de bouquins sans fins. Tout mon amour qui coule au fond de l'évier, tout mon amour qui est congestionné au milieu de moi, de ma gorge. Vas y dis-moi. Puisque je vois que ça s'écroule en tremblant, je baisse le regard. Je m'allonge sur tes rêveries, sur tes rires. T'auras beau crier, il ne sera jamais l'heure. Ridicule en soi, panier de fruit pourris et des tâches de vin sur les tapis. Je rentre chez moi, en permanence, mais je veux t'embarquer dans mes valises, à mes pieds, dans mes malles. Et j'ai peur que tu t'en ailles sans me dire au revoir.
J'ai des pantalons froissés en guise d'au revoir. Tous ces chino que j'achète compulsivement chez GAP pourtant ni gay, ni fier. La couleur rouille me va bien aux jambes je crois. Puis j'écrase la cigarette, chantonne Marlène Déconne de Biolay. J'essaie d'écrire longuement, il n'y a que les bars qui me répondent pourtant et ce lieu parait un peu désert pour que j'y pleure avec satisfaction. Les champs de tournesol tournent sur eux-mêmes, comme des mondes qui s'entrechoquent jamais et moi quand je regarde le soleil je me brûle les yeux. Ma peau pâle ne pourra rien dire de plus ce soir. Ca zappe, ça zappe encore, plutôt qu'essayé de s'intéresser à quoique ce soit. La pluie tombe et les chiffres du réveil sont toujours une peu les mêmes. Il faudrait que je troue tous ces habits, que j'aille cherché des rimes dans des bouquins, que je la lance enfin mon usine à phrases. Pour le moment je sèche, trouve que les prénoms des filles que je trouve jolie sont toujours un peu spéciaux, que je ne plais jamais aux filles qui me plaisent. Pourtant, moi j'y croyais un peu aux coups de foudre. Marlène déconne me dit le poste, il a sans doute raison. Puis comme je n'ai rien à dire d'intelligent ensuite j'ouvre enfin ma bouche. Je passe des heures sur ces blogs d'un autre âge, a essayé de me recomprendre. Je commence à croire que Jéricho mériterait de vivre à nouveau. Puis je laisse le vent s'engouffrer dans le jour de mon Duffelcoat. Il est toujours l'heure d'arrêter les conneries. Les chiffres ne change pas, et les parenthèses nous éloigne toujours l'un de l'autre, toujours de ce qui est réel, enviable, important. Et le premier bus alors qu'il fait moins cinq dehors n'est pas stimulant quoiqu'on en pense. Malgré l'ivresse, la Belle Epoque. En attendant l'été, en espérant l'hiver, en baillant quand même. J'aimerais dire à une fille que je l'aime, le penser pour de vrai, que ce soit réciproque. J'aimerais une vie comme ça oui, sans angoisse. Mais Marlène déconne, on peut pas tout faire.             Tant pis.

Enfance venteuse (3)

16 janvier 2013 // 21:43

 Parfois j'y pense et tu me manques, même lorsque tu perdais la tête tu me manquais pas comme ça. Alors la nuit, le soir surtout, mais la nuit aussi, j'éventre des cigarettes pour les reremplir de drogue. Je suis devenu adroit à ça, tu sais, rouler, rouler. Puis le papier qui crame, j'aime le bruit. Et au milieu des hallucinations qui s'en suivent, je sais que tu serais déçue de ça, alors j'ai honte. Mais faut que tu comprennes que c'est pas tout à fait ma faute, enfin, je veux dire, j'aurais voulu autre chose. On veut tous autre chose. J'aurais voulu un meilleur ami qui soit pas juste capable de pomper ma bonne humeur et m'abreuver de ses pensées noires quand lui va mal. J'aurais voulu que celle que j'aime ne se pose pas toutes ces questions, ne veuille pas être libre comme ça. Je crois pas que j'ai mérité ça mémé, je crois pas. Tu sais, je suis gentil comme tu m'as fait. Et t'écrire est ridicule car on y croit pas, en dieu, au paradis et toutes ces choses. Alors la musique est toujours la même et je tourne en rond en regardant que tout s'effrite comme ça, que tu me manques et que tu seras jamais fière de moi comme j'aurais voulu que tu le sois.
Ce matin, il faisait froid et soleil et du vent, comme le jour où l'on t'a mise en terre. J'ai pensé ça au réveil, et ça m'a tué. Je voulais pas sortir du lit, je voulais pas savoir ça. Mais il faut agir. Maman m'a raconté l'histoire de Dany, j'en ai pleuré pendant longtemps, je sais que t'as été plus forte que moi. Alors je passe des nuits claires obscures à fumer des joints qui me maintiennent dans cet état de constante déprime. Et je n'ai plus très envie de vivre souvent, et je pleure souvent en me demandant pourquoi t'es partie comme ça à petit feu. Pourquoi tes idées sont parties, pourquoi tu me prenais pour ton frère, puis pour plus personne. Et toutes ces nuits où je dors comme une enclume c'est pour te voir mourir c'est pour voir la vie une dernière fois dans tes yeux quand tu as touché ma joue, que tu m'as dit que tu allais te reposer un moment après peut-être trois mois de silence. Je veux pas me plaindre, j'ai juste rien fait pour ça, rien fait pour avoir mal comme ça au fond du coeur, pour plus sentir la vie de la même façon. Peut-être que tu me vois, là haut, tout là haut, moi je t'y vois bien, avec tes mots et ton amour. Ma tête bouge et sonne creuse, il fait froid toujours en janvier, un peu comme lorsqu'on te met en terre et j'ai toutes ces images que je ne veux pas supporter, mais c'est ça la douleur. C'est ça les mots que l'on se dit de travers. Je voudrais que tu sois là pour me dire que la vie est belle parce que je veux l'entendre de personne d'autre que de toi et tes yeux qui transpercent. Allez quoi, tu veux pas revenir ? Ce sera bien, on ira boire des orangina à la samaritaine. On ira où tu veux, mais j'arrêterai de dévier de moi-même comme ça. Je soufflerai fort sur mes doigts pour que la flamme y revienne. Pour avoir le coeur qui fait tous ces hymnes. Allez reviens, on ira rire, on ira pleurer, on ira être en vie. Moi je veux être en vie manger des pâtes à m'en casser le ventre, boire de la menthe à l'eau, écouter ton pas qui traine, te savoir belle, te savoir belle tout le temps. Je veux te voir dans ta cuisine je veux te voir faire la gymnastique dans le canapé. Je veux t'entendre parler de toutes ces choses que je ne t'ai jamais demandé. Je veux arrêter de fumer pour oublier que tout s'effrite, arrêter de boire parce que de toute façon je n'ai plus soif. Je veux arrêter de voir tous ces gens vieillir. Je veux pleurer dans tes bras, parce que avec toi, tes bras, tout va, pour la vie et celle qui suit encore. 

Tant pis pour l'impossible. Les photos de famille finiront terne, le regard perdu. Je zappe sans cesse abruti par la télé et les joints. Demain j'irai boire, j'aime fêter les échecs. Tu me manques et je t'aime. Promis, bientôt j'arrête, pour toi, quand tu me manqueras moins que ça.

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